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Un rêve de mains rouges

Un rêve de mains rouges, Chapitre 9, par Hermione, le 02 décembre 2006.

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Partie 2 : A Dream of Red Hands

Chapitre 9 : Laraless

Kurtis était parti. Cela faisait déjà plusieurs heures. J'avais emmené Winston à l'hôpital puis j'étais rentrée au manoir à la fin des heures de visite. Au moins, il allait s'en tirer, c'était déjà ça de gagné.
Je savais que Kurtis était vraiment en colère. Et il le pouvait. Pendant de nombreuses années, il avait pourchassé le faux assassin de son père. Il s'était fait embroché par Boaz pour rien. Et moi, j'avais laissé Gabriel et ses acolytes pour sauver Winston. Et j'avais tué Karel, j'avais privé le jeune homme de la justice qui était son seul but connu d'elle dans la vie. Oui, il pouvait m'en vouloir. Au point de me détester.
Quand Kurtis avait fait semblant de vouloir me tuer, je m'étais véritablement attendue à ma mort. Car ce n'aurait été que justice. Comment avais-je pu oublier de mentionner la véritable nature de Karel ? Kurtis avait-il ne serait-ce que su qu'il était un Nephilim, voire même qu'il existait ? Comment avais-je pu oublier de tout lui dire ? Les sombres pensées et oublis des évènements devaient m'avoir bien trop perturbée. Beaucoup trop. Je ne me souvenais plus du tout de nombre de moments de mes aventures passées. Ce lieu aux murs et aux portes blanches dont elle se souvenait, par exemple, où et quand l'avais-je vu ? Tout semblait si flou, dénué de sens...Ce n'était pas normal que ma mémoire soit si occultée, sauf si je devenais folle ou sénile avant l'âge. Ce que je refusais totalement.
J'avais nettoyé tant bien que mal ma demeure. Malgré tout, je voyais encore le sang sur les murs et sur mes mains, et il me fallait quelques secondes avant de réaliser qu'il n'y en avait plus. Le souvenir de ce liquide rouge m'obsédait.
Ce n'est que vers minuit que Kurtis rentra enfin, à mon grand soulagement. J'avais eu peur qu'il ne commette quelque acte irrémédiable. Comme attaquer l'extension de la Coterie seul, par exemple.
Aussitôt rentré, il monta dans sa chambre pour prendre son sac. Restée dans le salon, je l'observai avec inquiétude lorsqu'il redescendit. Il paraissait toujours coléreux, déterminé.
-Kurtis, risquai-je alors qu'il passait devant moi sans me regarder.
Il tendit la main vers moi en objection, avant de se retourner, le regard flamboyant.
-Ne me dites pas que vous êtes désolée. Je me fous de vos excuses !
Son ton me fit reculer, tant il était méprisant. Il secoua la tête.
-Vous êtes même pas capable de sacrifier une vie pour d'autres.
-Trop de sang avait déjà coulé, protestai-je.
-Vous avez pas compris ! Mon père y est passé et moi, j'ai failli y rester bien des fois ! Et vous, vous négligez de me dire la vérité, vous mentez ! J'aurais dû vous laisser au Sanatorium, Eckhardt vous aurait tuée et tant mieux !
-Mon mentor est mort ! protestai-je. J'y ai perdu, moi aussi ! Mais on ne peut pas...
-Vous avez laissé cette foutue Coterie en vie pour le vieux !
-Winston est...
-Je me fous de Winston ! c'était une chance, vous comprenez ? Une chance d'en finir, et vous l'avez laissée passer avec vos mensonges et votre pitié !
Le ton montait, et les deux alliés que nous étions censés être devenaient ennemis. Indifférents.
-Et vous, répliquai-je à mon tour, vous vous êtes cru malin avec votre bluff à la Burckle ? J'ai cru que vous alliez nous tuer tous les deux ! Si vous l'aviez fait, vous auriez été pire que la Coterie !
Il avança d'un pas, rageur.
-Ne me traitez pas comme ça ! C'est vous qui l'êtes ! Une lâche, une pleurnicharde qui ne veut pas avoir de sang sur la conscience ! Vous croyez pas que je vous aie observée durant ces derniers jours ? A regarder vos mains comme si elles étaient meurtrières, à éviter ma présence et mes questions ? Une traître et une menteuse ! Comment ai-je pu croire en vous ?
-Vous n'avez pas de conscience ?
Il me regarda, furieux.
-Si. Mais je rends justice à ceux qui sont tombés avant. Vous, vous n'en avez pas le courage. Vous fuyez ce qu'il faut sacrifier pour vaincre. Vous ne gagnerez pas ainsi. Une bataille a toujours des pertes. Vous avez eu votre chance, et vous ne l'avez pas saisie.
Il se détourna. Je le regardai s'éloigner, méprisante.
-Gabriel avait raison. Vous me rendez folle.
Il s'arrêta, mais ne se retourna pas.
-Vous l'êtes déjà. Je m'en vais ! Je vais détruire la Coterie, seul. Sans vous, qui avez failli. Gabriel, Luther Rouzic, Marten Gunderson et compagnie...je m'en occupe. Vous n'êtes pas à la hauteur !
Il claqua la porte d'entrée. Le son résonna longtemps dans ma tête.
Ce fut ainsi que je vis Kurtis pour la dernière fois, et c'est de cette manière qu'il sortit de ma vie. Car il avait raison : je n'étais pas à la hauteur. En tout cas, je ne l'étais plus. Mon inflexibilité m'avait quittée depuis la mort de Karel, remplacée par de nombreux doutes. C'était la vérité et rien d'autre. Et oui, j'étais folle...si je ne l'étais pas, mes cauchemars et mon obsession du sang le prouvaient. Et n'étais-je pas folle par le simple fait d'avoir laissé Gabriel et Kurtis sans les avoir retenus ?
Quelque chose n'allait vraiment pas chez moi.

Deux jours plus tard, Winston était toujours à l'hôpital. Nous avions eu de longues conversations et je lui avais raconté ce qui s'était passé depuis sa blessure.
Quelques heures après mon retour au manoir, on sonna à la porte. J'ouvris sans réellement me méfier, Kurtis s'occupant de la Coterie, je ne craignais pas grand-chose de ce côté-là. Et c'est bien connu, les ennemis ne sonnent pas à la porte. Sauf que les ennemis peuvent avoir différentes apparences.
Depuis le début, j'aurais dû me douter que ce moment arriverait. Mais le choc ne fut pas moins grand. Une voiture de police pénitentiaire attendait devant ma demeure. La raison n'en était que trop évidente. Un policier me regardait, déclarant d'un ton neutre :
-Lady Croft ?
Je hochai la tête, pétrifiée mais calme.
-Vous êtes priée de nous suivre. Vous êtes accusée de cambriolages, effractions de propriétés privées, possession d'armes sans permis.
Il ajouta, me fixant :
-Vous êtes également accusée du meurtre de Werner Von Croy...
Je le savais.
-Ainsi que celui d'Amanda Evert, Jacqueline Natla, Louis Bouchard, Mathias Vasiley et peut-être de quelques autres.
Figée, je compris que tout était loin d'être fini. Mais pourquoi ressortaient-ils le nom de tant d'anciens ? Amanda, Natla...Je ne comprenais pas, non, vraiment pas. Je relevai la tête, essayant d'effacer le choc de ces accusations de mon visage.
Quelques minutes plus tard, j'étais en toute pour la prison, en attente d'un procès qui serait sans aucun doute mémorable. Et qui déterrerait de nombreux cadavres, je n'en doutais pas.

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