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Un rêve de mains rouges

Un rêve de mains rouges, Prologue, par Hermione, MAJ le 22 août 2008.

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Partie 1 : The Angel of Darkness

Prologue : Le dur chemin de vie

Cela faisait plus d'un mois et demi que j'étais revenue. Un mois et demi qui me paraissait aussi long qu'une éternité.
A cette époque, j'étais en Egypte. Après avoir enfermé Seth, j'avais réussi à atteindre la sortie. A atteindre seulement. Je me souvenais encore des derniers mots de Werner pour moi. Il avait voulu m'aider. Mais j'avais douté de lui un instant de trop. Ces simples secondes avaient failli me coûter la vie. La pyramide s'était effondrée sous mes pieds, Werner s'était enfui, et moi j'avais chuté dans ce qui aurait pu être mon tombeau. Dans les ténèbres les plus totales, j'étais restée enfermée pendant des heures, peut-être des jours. Je n'avais plus aucune notion du temps. L'esprit à moitié comateux et délirant, j'avais rêvé de choses du passé et du présent.
J'avais revu ma mère disparaître en Himalaya. J'avais revécu mes derniers moments avec mon père, avant qu'il ne parte au Cambodge où il disparut par la suite. J'avais senti à nouveau le chagrin et la rage de n'avoir pas pu sauver Amanda et mes autres anciens camarades. J'avais encore promis à Anaya que les cadavres de vieux amis ne ressortiraient plus du passé. Je m'étais souvenue de la vision de ma mère à Avalon, dans le miroir en Bolivie. Je m'étais rappelé Seth, Horus, Werner possédé, l'enlèvement de Jean-Yves, ce tombeau égyptien qui était devenu le mien.
Je m'étais souvenue de tellement de choses et d'actes passés que je ne savais plus où finissait le présent et où commençait le passé. Je m'étais souvenue de ceux qui étaient tombés ou disparus par ma faute, du sang versé par mes mains.
Et il y avait eu le souvenir du Cambodge, en 1984. Werner prisonnier du piège de l'Iris, et moi qui m'enfuyais. Cette même scène, je l'avais revue, avec nos positions inversées, cette scène la plus proche de moi avant l'éboulement de la pyramide. Moi qui m'étais retenue à peine à la roche, Werner qui m'avait abandonnée. Pourquoi m'aurait-il aidé ? Pourquoi m'aurait-il aidé plus que moi-même je l'eusse fait des années auparavant ? Je ne lui avais rien demandé. Pourtant il l'avait fait. Mais il s'était enfui, m'avait trahie, et ce n'était que justice. Je le haïssais pour cela.
Ce fut cette émotion qui m'avait fait revenir à un semblant de vie. Après un temps infini passé à cauchemarder de moi-même, de mes démons intérieurs, je m'étais relevée. Difficilement. J'avais senti mon cour battre, et ce son qui aurait dû être réconfortant n'a fait qu'empirer la situation, car il m'avait fait prendre conscience du silence de ce tombeau. J'avais avancé, lentement, à tâtons, maintenue par des motivations dont j'ignorais le véritable sens. Le désir de vivre, ma haine de Seth, ma soif de vengeance envers Werner, l'espoir de ne pas finir oubliée dans cette pyramide.peut-être y en avait-il d'autres. Parfois la mémoire me revenait avec une clarté horrifiante, parfois elle était au contraire pleine de ces portes dont la clef était perdue.
Ce n'est que plus tard que je me suis aperçue que j'avais perdu mon sac à dos. Mais il était trop tard pour revenir en arrière. Et je ne l'aurais jamais fait, de peur de chuter encore.
Encore aujourd'hui, je me demande où j'ai pu trouver la force et le courage de remonter à la surface, alors que j'étais blessée physiquement et mentalement. C'est une autre de ces choses de ma vie que je ne peux pas expliquer. J'avais fait preuve de la même détermination qu'enfant en Himalaya. Cela a failli ne pas suffire.
A un moment du chemin du retour à la vie et à la lumière, je l'avais entendu. J'avais entendu ses rugissements d'intense courroux, emplis de mal et de destruction. Il est l'ombre sur le soleil, le porteur de fléaux et sa colère, sans limites, aurait consumé la terre. Seth.
Dans mes rêves d'aujourd'hui, j'entends encore parfois sa voix m'ordonnant d'être son esclave. Je vois encore ses yeux rouges posés sur moi. Par la même occasion, je revois ce moment de désespoir qui m'avait envahie lorsque je l'avais entendu dans la pyramide. Et ce fut à cet instant que j'ai promis que pour rien au monde, je ne revivrai cette épreuve qu'avait été mon voyage en Egypte.
Quand je m'étais relevée, j'avais été dans un tel état que je crus avoir atteint la psychose. Je ne sais plus si c'était vrai ou non, mais l'atmosphère était imprégnée de cette aura maléfique dégagée par Seth, cette aura de folie et de destruction. J'avais cependant continué à avancer. Je savais que si je tombais à nouveau, je ne me serais plus jamais relevée. Peu à peu, pas à pas, ses hurlements se sont tus au loin. Lorsque seulement mon cour et le son de ma marche avaient résonné dans l'immobilité de la pyramide, j'avais su que j'allais m'en sortir.
Un temps infini plus tard, j'avais enfin aperçu une lumière. J'avais dégagé le seul passage de pierres qui s'opposait entre la vie et moi, et je m'étais retrouvée à l'air libre, après tant de temps passé à errer dans les anciennes galeries de ce qui aurait pu être ma tombe.
J'étais sortie au crépuscule. Anéantie par la fatigue, les souvenirs, l'obscurité qui régnait en moi depuis mon réveil, j'avais chuté dans le sable. La voix de la raison m'avait dit de retourner dans la caverne pour me réfugier du froid glacial qui allait bientôt s'abattre, mais je ne serais jamais retournée dans cette pyramide. J'avais attendu, à moitié somnolente.
Alors Putaï était apparue.

Putaï était une chamane, faisant partie de ces tribus nomades solitaires parcourant le désert, à la recherche d'on ne savait quoi. Je ne croyais personnellement pas aux pouvoirs d'une chamane. Mais avec elle, j'ai été forcée d'y croire. Et après tout, j'avais déjà vu tant de choses surnaturelles dans ma vie.
Des jours qui suivirent je ne conserve qu'un souvenir vague. Je crois être retombée un temps dans un état proche du coma. Putaï et ses compagnons m'avaient soigné avec patience. Et sauvée, sans nul doute. Sans eux, j'ignore ce que je serais devenue. Je leur devais la vie.
Néanmoins, je crois que la psychose m'avait vraiment atteinte. Tous ces évènements dans la pyramide et l'abandon de Werner m'ont meurtrie, plus profondément que je n'avais voulu l'admettre en les contant à Putaï. Et j'étais emplie d'une telle haine envers mon ancien mentor, accentuée par mes démons intérieurs et l'aura de Seth régnant toujours en moi, qu'elle a dû m'apprendre à me maîtriser. Ce fut long et difficile.
J'avais changé.
J'étais plus froide, plus méfiante. Peut-être que cette histoire m'a bouleversée autant, sinon plus, que la disparition de ceux que j'avais aimés. Je n'étais plus cette pilleuse de tombes sûre d'elle. Et je ne peux pas dire que même après ma guérison, je sache véritablement ce que j'étais devenue. Je demeurais un mystère aussi bien aux yeux des autres qu'aux miens. L'Egypte m'avait fait découvrir une nouvelle facette inconnue de moi-même. Celle qui était solitaire et taciturne, celle qu'on atteignait plus si facilement. Celle que personne ne connaissait, y compris moi.
Une fois, lorsque je fus un peu près rétablie - deux ans s'étaient écoulés - je partis chercher de l'eau à une oasis, accomplissant les tâches de cette tribu qui était le plus proche de ce qui pouvait être une famille pour moi. Ce fut là que je le rencontrai.
Celui qui m'avait donné mon goût pour les tombes inexplorées.
Celui qui avait été comme mon second père.
Celui qui avait bouleversé ma venue en Egypte.
Celui qui m'avait abandonnée.
Celui qui m'avait trahie.
Celui à qui je ne pardonnerais jamais.
Werner Von Croy.
Ma haine avait tellement bouillonné en moi que je crus que j'allais perdre le contrôle sur mes démons intérieurs. Lâchant ma gourde, je m'étais avancée à grands pas vers le campement installé près de l'oasis. Ma haine devait se voir sur mon visage, car le jeune garçon près de Werner s'était écarté avec peur. J'avais eu du mal à respirer.
Werner s'était retourné en entendant mes pas. Les cinq premières secondes, il n'avait pas dit un mot, tant il avait dû être stupéfait de me revoir. Les cinq secondes suivantes, il a dû regretter que la table pliante disposée derrière lui l'empêchât de reculer.
Aucun de nous deux n'avions prononcé un mot durant un instant. Les yeux dans les yeux, nous nous étions regardés, et j'avais brûlé intérieurement de rage et de vengeance. Les barrières dressées par Putaï s'étaient effondrées si facilement.
J'avais entendu le déclic d'une arme automatique derrière moi, puis senti un contact froid à l'arrière de ma tête. Un sourire mauvais aux lèvres, je m'étais écartée de Werner. Un pas. J'étais toujours aussi folle de rage. Deux pas. Ma haine me consumait. Trois pas. J'avais prié pour que les enseignements de Putaï ne me fassent pas défaut.
-C'est bon, Marten. Ja, c'est une...amie.
Comme Werner avait buté sur ce mot. J'en étais ravie. Je n'avais même pas jeté un regard à l'homme qui s'éloignait de nous. Je ne voyais que Werner.
-Lara...
Il y avait du soulagement dans sa voix.
-Tu as survécu. Si tu savais toutes les recherches que j'ai faites pour te retrouver...Mais je n'ai jamais récupéré que ton sac.
Il avait désigné mon fidèle compagnon d'aventures au pied de la table.
-Je te croyais morte, Lara. Mais quand nous reviendrons en Angleterre...
-Je ne retournerai pas en Angleterre.
Ma voix avait tranché, glaciale et cassante. Je ne supportais pas cette idée de revenir chez moi comme si rien n'était arrivé.
-Lara.
-Non, Werner. Comment peux-tu ? Comment peux-tu vivre encore après m'avoir trahie ? Comment peux-tu encore dormir après ce que tu m'as fait ?
Ces reproches s'étaient déversés de ma bouche sans que j'eusse pu les retenir. Et avais-je eu envie de les retenir ?
-Comment ?
-Lara, je t'en prie...laisse-moi...
-Non, Werner. Je ne t'ai pas supplié de m'aider. C'est toi qui l'as fait au Cambodge. Mais tu n'es plus rien...plus rien qui en vaille la peine. Sans ton souvenir, je n'aurais peut-être pas survécu. Mais sans toi, je ne serais pas ce que je suis devenue aujourd'hui. Et je ne t'en remercie pas.
Toujours aveuglée par haine, je m'étais approchée de lui. Il avait tenté de reculer, mais je n'avais fait que prendre mon sac à dos à terre. Je m'étais retournée vers lui. Il n'y avait plus eu qu'une barrière oscillante entre lui et mes démons intérieurs. Il aurait suffi d'une simple autre poussée de vengeance. Je m'étais reculée.
-Werner, si jamais je te revois...je te promets que je ne serais pas aussi inoffensive. Ne recroise plus jamais mon chemin. Je te hais et ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Je veux que tu sortes de ma vie. Sans possibilité de revenir.
Je m'étais détournée et repartie vers ma tribu.
-Lara ?
Je ne m'étais pas arrêtée au son de son appel.
-Tu as changé. Tu as grandi.
La barrière avait tremblé. Il n'avait eu que cela à me dire. Mais je ne crois pas que dans mon état, j'aurais accepté ses excuses. Alors j'avais répondu :
-Oui, Werner. J'ai grandi, grâce à toi. Et je ne te pardonnerai jamais.
J'étais partie sans regarder en arrière. Je crois que ce jour-là, je n'ai jamais été aussi proche de le tuer.

Quand j'étais arrivée au campement de ma tribu, il n'y avait plus rien. Les tentes brûlaient encore, et le sang maculait la terre. Envahie d'une peur incontrôlable, j'avais couru jusqu'au premier corps.
C'était Putaï.
Mes yeux étaient restés secs. Je crois qu'il ne restait plus rien en moi qui puisse me faire pleurer. A l'endroit de mon cour où était inscrite ma tribu adoptive, il n'y avait plus qu'une fissure vide. Je les avais protégés en échange de leur aide, mais pas assez. J'étais vide. Vide de tout autre sentiment que la soif du mal, la soif de la vengeance. Il n'y avait qu'une autre tribu qui s'en prenait continuellement à la mienne malgré ma présence.
La nuit suivante, je les avais tous tués.

J'avais enterré Putaï et les autres membres de ma tribu près de la pyramide. Si un jour je revenais en ces lieux, je verrai l'endroit qui m'avait transformée, et je saurai où étaient ceux qui m'avaient guérie.
Je n'avais toujours pas pardonné Werner, ni ceux qui avaient tué ma tribu.
Je sais que quoi qu'ils eussent fait, le pardon pour eux ne serait jamais venu.

J'avais continué à défendre des tribus pendant quelques semaines. Puis j'étais retournée chez moi. Winston avait été tellement heureux de me revoir qu'il avait voulu fêter mon anniversaire des mois en avance. J'avais refusé. J'étais encore trop blessée pour ce genre de choses, et vivre au manoir n'arrangeait rien, car j'y revoyais sans cesse les causes de mes cauchemars en Égypte. Les photos de mes parents, des lettres nouvellement reçues de Werner. Des livres sur l'Égypte ancienne - je me suis retenue de déchirer celui entièrement consacré à Seth.
Je recevais des lettres de Werner que je jetais directement au feu. Il voulait regagner ma confiance et mon amitié, certainement - pauvre fou. Mais c'était tellement agaçant qu'il continue à m'atteindre malgré mon silence obstiné. Et grâce à cela, et heureusement pour mon mental, je n'ai pas tardé à changer de paysage.
Paris est une jolie ville, quoique froide et sombre.

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