Partie 2 : A Dream of Red Hands
Chapitre 5 : Retour à la maison
Lorsque Kurtis fut assez rétabli pour
quitter l'hôpital - endroit que je considérais comme froid et sans vie,
malgré son nom - je lui proposai de venir habiter chez moi pour un temps,
celui de régler nos affaires communes.
La seule chose - ou plutôt devrais-je dire les deux seules choses - que je
désirais, c'était que ces membres survivants de la Coterie ne soient ni
immortels ni Nephilim. Personnellement, j'avais assez donné. Je tentais tant
bien que mal de chasser de mes pensées la mort de Werner, en vain. Et ma
vengeance, mon envie de vengeance, ne me quittait pas, alors que j'ignorais
si elle se trouvait envers Von Croy ou la Coterie.
Peu importait. Mes recherches n'avaient encore rien donné, même du côté de
mon contact en Turquie. Lentement, presque avec une fatalité dérangeante, je
commençais à croire qu'il fallait attendre un autre meurtre de sang pour
nous aider à progresser.
Le troisième jour après que Kurtis se soit provisoirement installé chez moi,
je reçus enfin un coup de fil de mon contact.
Je décrochai le téléphone et écouta durant quelques secondes.
-Merhaba...Evet...
Je raccrochai après avoir échangé quelques autres paroles et me tournai vers
Kurtis qui avait écouté sans comprendre un seul mot de turque, sans doute.
Songeuse, je laissai mon regard s'égarer, avant de croiser celui de mon ami.
Je relevai la tête, voyant son air impatient et sombre.
-Alors ?
Je baissai à nouveau les yeux.
-Ils sont ici, répondis-je. En Angleterre.
Kurtis leva les mains, avant de s'asseoir lourdement sur une chaise.
-Devinez qui ils cherchent. La vengeance...
Je hochai la tête. La venue de l'extension de la Coterie ne pouvait avoir
qu'une seule raison, la vengeance. Sentiment si noir, si proche de la haine.
Il allait falloir s'attendre à une attaque. Aucune autre lumière que celle
de ma demeure ne les attirerait, tel des papillons. Des papillons assoiffés
de sang. Après tout, nous avions contrecarré leur projet. Il fallait bien
que quelqu'un paye le prix. Kurtis et moi faisions un excellent choix.
D'autant plus qu'il était blessé ; et moi, je ne parvenais à me dépêtrer du
tissu complexe de sentiments et de souvenirs entourant la mort de Werner.
Le début de cette histoire m'avait laissé une trace aussi indélébile que
celle de l'Egypte. La noirceur de ces derniers jours m'avait profondément
marquée. Vous savez, la conscience d'un futur détruit par ses actes et les
conséquences en résultant...
En fait, le sentiment que rien ne sera plusjamais comme avant...à nouveau.
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