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Un rêve de mains rouges

Un rêve de mains rouges, Chapitre 1, par Hermione, MAJ le 28 août 2008.

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Partie 1 : The Angel of Darkness

Chapitre 1 : Le linceul

Cet arrêt à Paris n'était pas vraiment prémédité. J'étais restée deux mois dans mon manoir, et c'était deux mois de trop. Je ne supportais tout simplement pas de rester dans cette maison. Chaque jour, je me retrouvais confrontée au regard empli d'incompréhension et de compassion de Winston. Ce regard qui me demandait quand je redeviendrais la Lara qu'il avait connue ; et comment m'aider en sachant que je n'aurais de toute façon pas accepté le moindre secours. Il y avait aussi l'air majestueux de mes parents, figés dans l'éternité d'une photographie : cet air digne qui semblait vouloir dire que quoi que j'eusse fait, ils auraient été fiers de moi. Alors que je ne l'étais absolument pas. A cause d'une simple amulette, Seth aurait pu posséder le monde. Si toutefois il était resté un monde.
Par conséquent, c'était également ma faute pour Jean-Yves ; ma faute si Werner avait été envoûté, s'il avait perdu des années de sa vie à me rechercher en vain. Sans ma curiosité, des années plus tôt, rien ne serait arrivé. Putaï aurait évité de croiser ma fatale présence ; et je n'aurais pas tellement changé. J'étais une nouvelle Lara, la Lara qui avait survécu à Seth, naissant à la place de l'autre, l'ancienne, qui n'aurait pu le supporter : une sorte de double dont je n'avais jamais eu conscience, car il n'y en avait jamais eu besoin. Parce que certaines choses avaient profondément changé. Parce qu'il était inutile de savoir pourquoi et comment : c'était juste ainsi. Oui. Juste ainsi.
J'imagine que c'est ce qu'on appelait évoluer, à moins que ce soit juste l'influence de Seth qui m'ait marquée à ce point. C'était peut-être juste cela. Je ne savais pas.
Et je ne voulais pas le savoir. Connaître cette réponse un jour était une idée qui me terrifiait.

Lettre de Werner Von Croy à Lara Croft
(Jamais ouverte par le destinataire)

Cappadoce, Turquie, le 6 décembre 2002.

Ma chère Lara,

Voilà quelque chose d'enfin un peu plus consistant que la carte postale d'il y a deux semaines ! Il faut dire que j'ai été assez occupé ces derniers temps.
Vois-tu, je suis toujours sur l'affaire dont je t'ai parlé la dernière fois, celle que j'ai enchaîné après mes recherches en Egypte, quand je sus que tu étais vivante. C'est incroyable comme ce dossier me prend du temps : bientôt plus de six mois que j'y travaille, mais j'avoue que le sujet est toujours aussi intéressant. Ces dernières semaines, je n'ai fait qu'aller et venir à Jérusalem et Nazareth afin d'authentifier des objets pré-bibliques avant de venir à la Cappadoce. Il s'agit d'un tout petit village en Turquie, indiqué par quelques rares et hasardeuses cartes locales, si bien qu'il ne te sert à rien de m'y répondre maintenant : ta lettre se perdrait. Ecris plutôt à mon adresse à Paris, que je t'ai donnée dans un autre courrier.
En attendant de recevoir les instructions de mon employeur, je profite d'une pause largement méritée.
Sais-tu que cet employeur, je ne l'ai toujours pas rencontré ? Nous devions nous voir un mois auparavant, à Rome, mais à la dernière minute, il m'a annoncé qu'il ne pouvait plus venir. C'est un homme très occupé, et qui aime le mystère, visiblement. Ce sera pour une autre fois, je suppose.
Comment va le monde de ton côté, ma chère Lara ? As-tu repris quelques-unes des anciennes activités qui t'ont donné le fameux surnom de Tomb Raider ? J'ai reçu un mot de la part de Winston il y a trois semaines. Il disait que tu allais bien, mais que tu restais toujours seule. Je suppose qu'il te faut encore du temps pour te réadapter à l'Angleterre. J'avoue que j'ai eu moi aussi des difficultés, après avoir passé tant de temps en Egypte. C'est pour cela que j'ai aussi accepté l'affaire sur laquelle je travaille en ce moment, pour me changer d'atmosphère.
J'espère avoir de tes nouvelles très bientôt. Mon adresse est plus permanente que la précédente, cette fois.

Affectueusement,
Werner.

Une semaine passa, puis encore une. Je décidai que l'ambiance britannique devenait trop suffocante pour moi, une fois de plus, à moins que ce ne fut moi qui le soit pour les autres. Je me convainquis de revenir à mon ancien passe-temps, l'obsession de l'autre Lara. Ce fut donc ce qui me mena en France.
Je fouillai mes vieux dossiers, choisissant le premier qui ne me semblait pas aussi louche que l'amulette d'Horus. Pour cette première fois depuis plus de deux ans, je jouai la carte de la sécurité. Inutile de sauver le monde plus que nécessaire, n'est-ce pas ? Inutile de faire d'autres douloureux sacrifices.
Cela, le linceul me le permit. Selon les rumeurs que j'avais notées, cet artefact pouvait être le linceul qui aurait recouvert le Christ après sa crucifixion. Selon mes sources, l'époque correspondait, ainsi que la manière dont il était arrivé en France. Bien entendu, il aurait toujours pu s'agir d'un de ces nombreux faux linceuls qui avaient parcouru le temps et l'histoire. Mais je pouvais toujours essayer. J'avouais que je choisis cet artefact-là plutôt qu'un autre parce que cela me donnait l'occasion de dire partie remise pour la Lance du Destin.
J'avouai aussi que je ne cherchais pas beaucoup plus loin. C'était juste histoire de changer d'air. J'en avais tellement besoin - même si je savais qu'en fait, j'éprouverais ce désir jusqu'à ce que l'ombre de l'Egypte disparaisse de mon esprit.
Et cette mission semblait être un parcours de santé nécessaire.

Lettre de Werner Von Croy à Lara Croft
(Jamais ouverte par le destinataire)

Cappadoce, Turquie, le 12 février 2003

Ma chère Lara,

Une autre semaine vient de s'écouler. Je suis toujours aussi passionné par ce que je fais ici en Turquie. Quel dommage que mon employeur, depuis le début, me demande la discrétion la plus totale sur cette affaire - je suis persuadé que les détails te plairaient.
J'ai reçu un mot de Winston. Il a fini par m'avouer que, depuis que tu es rentrée, tu n'as jamais ouvert la moindre de mes lettres, même celles qui dataient d'avant ton retour, que j'avais écrites en te sachant encore nomade en Egypte. Je suis déçu, mais je ne peux pas dire que je ne m'y attendais pas. Tu ne m'as jamais répondu - d'ailleurs, tu ne réponds à aucun courrier ou coup de téléphone de qui que ce soit, apparemment - mais j'espérais au moins que je n'écrivais pas ces mots dans le vide. Il paraît que tu as dit à Winston que le silence était la plus haute preuve de ton mépris.
Je sais que je le mérite, Lara. Depuis l'Egypte. Ce pays nous a profondément marqués, l'un comme l'autre. Pourtant, Lara, pourrais-tu me comprendre ?
Je t'ai abandonnée, certes. Comme tu l'avais fait au Cambodge, en 1984. Mais je n'ai cessé de te chercher par la suite. Je n'ai arrêté ces fouilles que le jour où je t'ai revue à l'oasis.
Comme ce jour est marqué d'une pierre noire, pour moi ! Tu avais survécu. C'était plus que ce que je m'étais osé à espérer. Je ne me suis jamais permis l'espoir de ton pardon. C'est quelque chose que je ne pourrais jamais obtenir ; même à moi, je ne me le suis pas accordé.
Je ne te demanderai jamais de me pardonner, Lara. Tout était ma faute. Mais j'aimerais tellement regagner une bribe de la confiance et de la considération que tu m'offrais autrefois.
Bien entendu, je suppose que tu n'ouvriras jamais cette lettre. Grand bien te fasse, Lara, cette encre est inutile. Tu ne pourras pas dire que je n'ai pas essayé.

Celui qui te considère comme sa propre fille,
Werner
.

A vrai dire, ce linceul ne m'a pas posé le moindre problème. Même pas un quart de la difficulté de la tour Von Croy Industries. C'était si facile. Le système de sécurité du musée où était exposé le linceul avait été déjoué en un tour de main. Cela avait été presque...ennuyeux ? Quoi qu'il en soit, mes espoirs furent déçus.
Installée chez un de mes contacts à Reims - absent, heureusement pour lui - le premier examen du linceul s'avéra inintéressant. Il n'avait rien de mystique, n'avait pas la moindre trace, même invisible, du sang du Christ. Il datait de la même époque, sans le moindre doute, mais sans avoir aucun lien avec le Sauveur.
Ce fut certainement à cause de cette déception que l'odeur de ce linceul me poursuivit pendant plusieurs jours, même après son analyse. Et pas seulement son parfum : n'importe quel tissu me donnait le sensation tactile que je l'avais en main. Et ce juste pour me narguer, j'en suis persuadée.
Je l'examinai encore quelques temps, sans arriver à lui trouver un moindre intérêt. Et pourtant...ce linceul appelait un souvenir vague dans ma mémoire, une réminiscence que je ne retrouvais pas. Lassée et ne voulant pas devenir folle à force de fouiller mon esprit pour récupérer ce souvenir, j'abandonnai et renvoyai le linceul au manoir.
Si j'avais su ce qui m'attendait, je serais repartie moi aussi.

Lettre de Werner Von Croy à Lara Croft
(Jamais ouverte par le destinataire)

Paris, le 22 avril 2003.

Ma chère Lara,

Toujours aucune réponse de ta part, même un simple « ne m'écris plus ». Je persiste à parler dans le vide. Je suppose que c'est la folie d'un vieil homme.
J'ai terminé mon travail en Turquie. Désormais, mon employeur m'envoie à Paris afin d'enquêter sur les Peintures d'Obscura, des reliques pré-bibliques. Je suis enfin autorisé à parler de cette affaire en cours depuis si longtemps, principalement parce que cette fois-ci, la tâche est extrêmement difficile comparée aux autres que j'ai pu accomplir jusqu'à présent. J'ai contacté déjà la moitié de mes collègues, et il semblerait que personne n'en ait jamais entendu parler. N'est-ce pas étrange ? Cela ne m'était encore jamais arrivé. Et toi, cela te dit-il quelque chose ? ? La moindre rumeur serait précieuse.
Normalement, je rencontrerai bientôt mon employeur. Il m'a assuré qu'il viendra me voir dans un mois ou deux, et fera en même temps le point sur mon travail.
Quelque chose qui n'a rien à voir, mais qui m'a particulièrement offensé. Winston m'a dit qu'avant de partir au Périgord récupérer une relique, tu aurais emprunté un bulldozer et complètement détruit la statue à ton effigie, celle érigée quand nous te croyons morte. Pourquoi, Lara ? Nous haïs-tu tellement ? Cette statue te rappelait-elle trop l'Egypte ? J'aimerais que tu me répondes - bien que je sache que c'est peine perdue.
Winston m'a transmis tes nouvelles coordonnées. J'espère que tu ne lui en voudras pas.

Affectueusement,
Werner

Quelques semaines plus tard, je reçus un appel de Werner, mon vieil ennemi. Winston ou un autre avait dû lui dire où je résidais désormais. Il était rassurant de voir à quel point ma confiance était mal placée. Personne ne semblait comprendre les désirs de la nouvelle Lara que j'étais. Personne, y compris moi.
Il y avait quelque chose d'effrayant dans cette idée. Je haïssais tellement Werner que je ne savais pas comment réagir. Il semblait terrorisé, parlant d'un meurtrier et réclament mon aide. Je ne l'avais jamais connu dans un tel état. D'un côté, il y avait l'ancienne Lara. Celle qui savait que Von Croy pouvait être - était certainement - la seule personne capable de me comprendre après ce qui était arrivé en Egypte.
Et puis il y avait la nouvelle Lara. Celle qui se souvenait de la dernière rencontre avec Werner Von Croy. Une entrevue brutale, avec des pensées de vengeance et de mort absolues. Avec une telle haine, un tel ressentiment.
Et ce désir de tuer.
Cela n'aurait pas effacé ma transformation, cependant.
Cela n'aurait rien effacé du tout, au contraire, mais gravé encore plus les faits dans la pierre.
Finalement, j'allai chez Werner, dans son appartement à Paris. Mais il ne pouvait s'attendre qu'à la Lara d'après l'Égypte, et rien d'autre.
Absolument rien d'autre.

Le salon était sombre, car il n'y avait aucune autre lumière que celle de l'orage grondant au-dehors, à la faveur des éclairs. Comme lui, j'étais assise dans un fauteuil. Et je ne comprenais vraiment pas ce qu'il me voulait.
-Continue, fis-je.
-Je cherche un objet, une peinture d'Obscura, dit-il, ses yeux inquiets me regardant au travers de ses lunettes.
Il se leva.
-Si je ne la trouve pas, il me tuera.
Je me suis levée à mon tour, froide. Le regard sombre, empreint d'une certaine lassitude et amusement. Il me demandait de l'aide alors qu'il ne m'en avait pas donné, lui.
-Ça ne me concerne pas, répliquai-je.
Il se retourna vers moi, vraiment paniqué.
-Un monstre dans la rue. Des gens meurent dehors !
Il prit un papier et me le mit dans ma main.
-Va voir cette femme, Carvier. Elle t'expliquera.
Je tentai, en mémoire de Putaï, de repousser la haine et la colère qu'elle m'avait appris à maîtriser, mais je le repoussai violemment dans son fauteuil, me penchant sur lui, plus méprisante que jamais.
-Et l'Egypte, Werner ? Tu es parti sans te retourner. A mon tour.
Mais il se releva, me poussant à terre brusquement, et sortit une arme à feu.
-A terre ! Couche-toi !
Brutalement projetée à terre, semi-inconsciente, j'entendis, dans les ténèbres qui envahissaient mon esprit, des coups de feu, des gémissements, des paroles hâtives. Je ne compris rien.
Puis je sombrai dans l'inconscience.

Lorsque je revins à moi, la première chose que je vis fut la paire de lunettes de Werner, gisant au sol, brisées...La fatigue m'envahit, de la même manière qu'en Egypte. L'esprit embrouillé, j'essayai de me rappeler ce qui s'était passé - en vain. Tout était si obscur, si confus. Je ne me souvenais de rien : le néant le plus total. Me relevant avec difficulté, je rampai jusqu'au corps de mon mentor. Etranglé, profané. Surmontant la bile qui me montait aux lèvres, je le soulevai un instant.
Deux émotions se disputaient à l'intérieur de moi, le choc de son décès et le sentiment d'être vengée. Mais bientôt, la vengeance revint. Je ne trouverais pas la paix tant que l'assassin de Werner ne serait pas mis hors d'état de nuire, d'une part pour la mémoire de mon mentor, d'autre part parce que ce quelqu'un m'avait empêché de me venger moi-même, même si je n'aurais pas été jusqu'au meurtre.
Je me relevai, laissant son corps à terre.
Mes mains étaient rouges. Rouges de son sang. Une pensée me frappa avec plus de force. Je voulais venger Von Croy, mais je ne me souvenais plus de son assassin, mes souvenirs étant occultés. Et ma haine envers Werner était meurtrière. Alors la question persistait : étais-je sûre de savoir qui l'avait tué ? Moi, ou un inconnu sanguinaire ? Je ne me souvenais plus de la scène, mais j'aurais pu le faire. Le sang dégouttait de mes mains.
Brusquement, des sirènes de police retentirent. Je m'enfuis immédiatement.
Coupable ou pas, j'allais être le premier suspect pour la police. Coupable, jusqu'à ce que mon innocence soit prouvée.
La nouvelle Lara que j'étais, froide, étrange et transformée, aurait très bien pu effacer son meurtre de sa mémoire. Ne pas se souvenir ne prouvait rien.
A mes yeux, c'était moi l'assassin.

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