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L'école - Director's Cut

L'école - Director's Cut, Chapitre 13, par Pitoch, le 23 février 2007.

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Chapitre 13

La main monstrueuse s'agitait, semblant vouloir s'accrocher à quelque chose. Les énormes mouvements d'air qu'elle provoquait soulevaient la poussière et charriaient une odeur de souffre de plus en plus forte. Devant cette vision d'horreur, Banks lui-même restait muet de terreur. Soudain, la main disparut dans le portail. La cascade de lave s'agita de plus belle. Les méandres prirent alors la forme de visages humains hurlants et agonisants, et chaque élève de Scholomance pouvait se reconnaître dans ses formes torturées. Indy en eut la nausée, et se prit à être soulagé que les jeunes femmes, Lara comprise, étaient trop droguées pour se rendre compte. La cascade se distordait, et des langues de flamme jaillissaient vers les élèves, sans les atteindre, du moins physiquement. Reprenant ses esprits et le contrôle de ses nerfs, Banks leva alors les bras au ciel.
- Fgeut geleb edi fo yartuka ! hurla-t-il, tentant de couvrir les rugissements du portail. FGEUT GELEB EDI FO YARTUKA !!!
Les langues de feu redoublèrent de violence, s'agitant de façon erratique. Au milieu du vacarme général, un grondement se fit entendre, d'abord lointain, semblant venir du fond du portail, puis de plus en plus fort, comme il se rapprochait. Indy avait l'impression que quelque chose leur fonçait dessus, et il n'était pas le seul à le penser. La nervosité et la peur augmentèrent encore d'un cran. Soudain, le grondement s'interrompit, ainsi que la danse infernale du portail. La cascade de lave s'écoula normalement. La tension des élèves retomba aussitôt. Indy regarda Alex et le vit tout aussi soulagé.
- Sympa, on se croirait à Disneyland... murmura Alex.
Indy lui répondit par un pâle sourire. Son ami employait son ironie habituelle, mais le coeur n'y était pas du tout : Alex était terrifié. Et comme il avait raison de l'être ! Indy reporta son regard sur le portail. Seul le clapotis boueux de la cascade de lave se faisait entendre dans la caverne. Ce relatif silence, morbide, augmentait encore la nervosité et la peur des participants, d'autant plus qu'il était consécutif aux paroles agressives de Banks, dans un langage inconnu. Indy se surprit à tenir son pupitre entre ses mains, se crispant à s'en faire mal aux doigts. Soudain, le grondement reprit, énorme de puissance, mais assortit d'un rugissement qui prit rapidement la forme de mots.
- YARTUKA GELEB.
Une voix rauque, puissante émergeait du portail, audible au milieu du grondement général. Indy se convainquit que la voix du Diable venait bien du portail, afin de lui donner une réalité assez tangible pour son esprit. Car, sans contestation possible, la voix venait en fait de partout à la fois, résonnant dans l'esprit et le coeur de chacun des participants. Ils en eurent la nausée. Indy lutta au prix d'efforts sur lui-même. Alex faisait de même, avec succès.
- Geui azuf dorio di ! reprit soudain la voix inhumaine.
Cette fois, Banks prit une profonde inspiration, avant de répondre, dans le même langage guttural et ignoble.
- Di pod azul vifar, fit-il, avec une note appuyée de déférence dans la voix.
Soudain, Henry Jones quitta le pupitre et s'avança vers le portail. Le milliardaire le suivit des yeux, le regard noir.
- Que fais-tu, vieux fou ! hurla-t-il.
- Vous faites beaucoup trop d'erreurs et d'approximations, jeune homme, répondit le vieux professeur sans se retourner. Et c'est dangereux, quand on fait face à Satan...
- Mensonges ! J'ai passé dix ans à préparer l'Ecole ! cria Banks, furieux. Je n'ai pas fait d'erreurs !
Henry l'ignora, concentré face au portail. Touché dans son orgueil, fou de rage, le milliardaire australien dégaina soudain une arme.
- Ecartez-vous de ce portail, professeur Jones, et retournez à votre pupitre, dit-il froidement. S'il vous plait... rajouta-t-il en armant son revolver.
- Vous ne faites que confirmer ce que je viens de dire, jeune homme, répondit Henry, avec une indulgence teintée d'ironie. Taisez-vous, maintenant.
Estomaqué par l'inconscience de Jones Senior, Banks ne réagit pas.
- Ecoute-moi, Ange Déchu ! cria soudain Henry vers le portail. Ecoute mes paroles ! Ta venue en ces lieux est inutile. Retourne dans ton monde!
Le grondement devint soudain un hurlement de fureur, et la cascade de lave s'agita soudain. Les langues de flamme réapparurent soudain et enveloppèrent Henry, le faisant disparaître à la vue des autres.
- Père !!! hurla Indy.
- Allez, Junior ! cria Alex. Faut le sortir de là !
- Non, attends !
Indy retint son ami, qui allait se précipiter. L'enveloppe de flammes s'était retirée, laissant Henry intact, sans blessure apparente, toujours face au portail.
- Père ? demanda Indy. Vous allez bien ?
D'un geste péremptoire, Henry fit taire son fils. Quelques secondes plus tard, de nouvelles flammes jaillirent de la cascade et se jetèrent sur le vieux professeur, sans jamais l'atteindre. Une fois très proches, elles se retiraient dans un sifflement qui rappelait de la colère et de la frustration.
- Comprends-Tu, Ange des Ténèbres ? cria Henry. Tu ne peux rien contre moi, ni contre mon fils. Ta classe n'est plus complète, car elle ne contient plus que huit élèves valables !
Le rugissement se fit plus puissant, les flammes plus violentes et plus hautes : le Diable semblait exprimer toute sa rage. Sans attendre, Henry sortit une petite lame de rasoir de sa poche et s'entailla immédiatement la paume de la main. Tendant le bras tout en serrant le poing, il fit tomber son sang par terre, devant le portail.
- Regarde, Ange Déchu ! cria-t-il, poussant son avantage. Regarde bien ! Contemple ton échec ! Car dans mon sang coule la puissance de notre Seigneur Jésus Christ !
De sa main ensanglantée, il se signa. Dans un dernier grondement de frustration, le portail explosa, déchaînant une tempête de feu aussi courte que violente. Puis la cascade de lave disparut, plongeant l'immense caverne dans le silence.

***

Ils restèrent tous un moment interdits, sans réaction. Comme souvent, ce fut Alex qui rompit le silence.
- Dis donc, Banks, on dirait que t'as un peu perdu le contrôle, non ?
Avant que le milliardaire ne puisse répondre, il entendit le craquement sinistre d'un magnum que l'on arme. Se retournant lentement, il fit face à la gueule du revolver que pointait sur son front une Lara Croft au regard dur et froid. Non loin derrière elle gisait Ling, visiblement inconsciente.
- Ah oui... ironisa Alex, appréciateur. T'as vraiment perdu le contrôle de la situation !
- Comment est-ce possible ? fit Banks à l'attention de Lara.
- Au même moment, et pour les mêmes raisons qui ont fait que tu te retrouves debout, répondit-elle. On a beaucoup de choses à se dire, non?
- Ce n'est pas le moment, jeune fille ! intervint Henry, qui venait de quitter sa position face au portail.
- Sauf votre respect, professeur, mêlez-vous de ce qui vous regarde !
Henry regarda sa main cicatriser à une vitesse surnaturelle. Puis il sortit son petit mouchoir de sa poche et déchaussa ses lunettes. Il se mit à les essuyer, lentement, sans un mot, comme il le faisait toujours. Puis il les remit sur son nez.
- Jeune fille, vous ne pouvez pas tuer Stevenson Banks, reprit-il.
Lara en fut abasourdie.
- Donnez-moi une seule bonne raison, Professeur.
- Vous n'êtes pas une meurtrière, répondit-il.
- Ah, ça, faut reconnaître que c'est une bonne raison ! intervint Alex.
- West, ne commence pas ! cria Lara. Tu ne sais pas ce que j'ai subi à cause de lui, tu ne sais pas que j'ai...
Elle ne termina pas sa phrase. Comme les autres, elle se sentit soudain faible et nauséeuse, à la limite de l'évanouissement. Son magnum sembla soudain peser des tonnes : elle le laissa tomber avec fracas. Indy et Alex avaient grandement pali. Seuls Banks et Henry semblaient n'être que peu affectés, bien que les traits du vieux professeur semblaient s'être encore plus creusés. La raison, Lara la comprit immédiatement : ils s'attendaient à ce qui allait suivre. L'atmosphère pesante et malsaine qui les rendait nauséeux n'augurait rien de bon. A son malaise s'ajouta rapidement une terreur sourde. Reprenant le contrôle de ses nerfs - et de son estomac - la jeune femme tenta de ramasser son arme. En vain. Son regard accrocha alors une différence notable dans le tableau vivant qui se déroulait sur ses yeux : devant le portail se tenait un petit garçon. Agé d'environ huit ans, il portait une sorte de robe de bure rouge et noire, qui laissait ses bras et ses jambes à découvert. Il était pieds nus. Lentement, il descendit la volée de marche menant du portail au sol de la caverne. Comme il s'approchait, tous purent le détailler. Il avait les cheveux d'un noir intense. Les traits fins de son visage frôlaient la perfection. Lara aurait facilement décrété voir là le plus bel enfant qu'elle aurait pu voir si ce n'était un détail troublant : l'extrême fixité de son visage. Ne trahissant aucune émotion, l'enfant continua d'approcher du demi-cercle de pupitres. C'est alors que, comme les autres, Lara constata avec horreur que le trouble inspiré par l'enfant venait principalement de son regard. Plus précisément de ses yeux, dont l'iris noir se fondait presque avec la prunelle rouge sang. L'effet était terrifiant, surtout sur un petit garçon aussi jeune et aussi beau. Après un temps d'hésitation, Banks quitta son pupitre et alla s'agenouiller devant l'enfant, la tête humblement baissée.
- Bienvenue à Vous, mon Seigneur et Maître, fit-il sans lever les yeux.
- Relève-toi, fidèle esclave.
L'enfant venait de répondre avec la voix surpuissante et caverneuse qu'ils avaient tous entendu auparavant. La voix du Diable lui-même. Banks retourna humblement à son pupitre. Le garçon passa son regard diabolique sur chaque élève, et s'arrêta sur Henry Jones. Il commença à bouger et s'approcha lentement du vieux professeur. Celui-ci se signa aussitôt.
- Crois-tu être protégé de moi, humain ? demanda le garçon de sa voix d'adulte.
Henry ne répondit pas et continua à se signer frénétiquement.
- Crois-tu que ton Dieu puisse intervenir, ici ?
Henry essuya le sang qui lui coulait du nez d'un revers de main, sans cesser ses signes de croix.
- Crois-tu qu'avoir bu au Graal va te sauver de ma colère ?
Henry se laissa alors tomber à genoux, mains jointes, et commença à marmonner des prières. La fureur de Satan s'intensifia, faisant trembler les murs de la caverne, mais le professeur ne se laissa pas distraire et continua de prier. Tout redevint calme, et le petit garçon se détourna du vieil homme.
- Ca craint, murmura Alex à l'oreille d'Indy.
- Oui, je sais.
- Non, mais j'ai envie de faire sauter le Diable sur mes genoux.
Indy haussa les épaules.
- Son but est de créer un malaise entre son apparence physique et sa vraie nature.
- Ben c'est réussi...
Le garçon venait de se mettre face aux deux amis. Alex tenta de le regarder mais échoua, ne pouvant soutenir ses yeux rougeoyants.
- Salut ! fit-il d'un air détaché.
Comme par magie, un revolver apparut dans la main de l'enfant. Sans un mot, il le tendit à Alex. Il le prit, presque machinalement, comme poussé à le faire.
- Alex, ne...
Indy tenta d'intervenir, de prévenir son ami, mais sa voix mourut dans sa gorge. Soudain las, il ne pouvait même plus parler.
- Tue-le ! ordonna l'enfant en désignant Banks.
Alex pointa aussitôt son arme sur le milliardaire australien. Celui-ci, soudain pris de panique, se jeta sur le revolver qu'avait laissé tomber Lara et visa Alex.
- Arrêtez ! hurla Henry. C'est ce qu'il cherche !
Les coups de feu claquèrent sinistrement. Comme par miracle, aucun des deux protagonistes n'avait été touché. Mais la violence des armes était suffisante : le portail se réactiva, provoquant un nouveau grondement qui résonna dans toute la caverne. Et de nouveau, une explosion aveuglante les envoya tous à terre.

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