Chapitre 8
C'était impossible, elle devrait être morte, et
pourtant elle se tenait là, devant elle, vêtue d'un tailleur avec pantalon de
couleur blanc crème. La seule chose qui avait changé en elle, c'était ses cheveux,
qui lui arrivaient maintenant sur les épaules. Elle avait toujours son regard glacial,
d'un bleu intense.
- Vous revoilà, dit-elle.
- Comme vous, répondit Lara en continuant de la viser. Sauf que vous devriez être morte,
je vous ai tué.
- Allons, allons Lara, j'ai moi-même cru à votre mort en Egypte, pourtant je ne me
suis même pas étonnée lorsque j'ai appris que vous aviez survécu et que vous
étiez revenu à la vie active.
- Pour ce qui est d'être revenu à la vie active, je n'ai pas vraiment eu le
choix. Les circonstances n'ont pas jouées en ma faveur, Natla.
- Ravie que vous vous rappeliez de mon nom, Lara, fit-elle en s'approchant un peu.
Vous devez vous demander pourquoi j'ai gardé le silence pendant toutes ces années,
non ?
- A vrai dire, je pensais vous avoir tué, donc, je ne m'attendais pas à recevoir
une carte des Enfers où vous me diriez que vous étiez bien arrivée.
- Très drôle... mais, je vais quand même vous donner quelques explications, dit-elle
en écartant une de ses mèches blondes et en s'appuyant sur une des colonnes
d'or de la salle. Vous aviez dû me croire morte une première fois, lorsque je suis
tombée dans la tour de la pyramide, heureusement, un de mes mutants volants m'a
rattrapé. Je suis alors allé dans une salle de création spéciale, et j'ai pris de
l'A.D.N. de la créature qui m'accompagnait et du mien. Grâce à quelques
manipulations, j'ai réussi à créer un clone mutant de moi-même avant que vous ne
détruisiez le Scion, et je lui ai ordonné d'allé vous tuer, et je me suis enfuie.
Avant d'entrer dans la pyramide, j'avais fait demander un hélico,
''au cas où''. Je ne m'étais pas trompée. Je vous avais
laissé mon yacht, on ne sait jamais, si vous parveniez à vous enfuir, je pourrais
toujours utiliser vos services. A partir de ce moment, j'ai suivi vos moindres faits
et gestes.
- Vraiment ? Je n'ai jamais rien remarqué, en même temps, quand on pense avoir tué
une psychopathe, on ne s'en soucie plus.
- J'ai alors découvert un document, continua-t-elle, comme si Lara ne l'avait
pas interrompu, qui allait me permettre de reprendre le contrôle. Naturellement,
j'avais besoin de vous, ce document n'était pas complet... Toutes ces fois
où vous avez failli mourir... j'ai cru que tout était perdu, et puis, il y a eu
l'Egypte. Votre ''mort'' a fait le tour du monde, et
j'étais très attristée, à ma manière bien sûr. Mais, il y avait cet
archéologue autrichien qui s'obstinait à vouloir retrouver votre corps... je me
suis renseignée sur lui, c'était votre mentor, alors j'ai eu une idée...
Le soir où il a annoncé que votre corps était introuvable, et donc, qu'il y avait
encore de l'espoir que vous soyez en vie, je suis allé le voir avec mon document. Il
était tout excité. Il avait l'air de connaître l'Iris, et il m'a avoué
que vous en possédiez une. Il est parti une heure plus tard, il faisait des recherches
intensives, me tenait au courant du moindre indice, mais sa mission fut un échec, il
n'arrivait pas à découvrir l'emplacement exact et...
- C'est à cause de vous ! s'écria Lara. Tout est de votre faute alors. Vous
êtes responsable de sa mort !
Oui, c'était la faute de Natla. Si elle
n'avait pas incité Werner à quitter l'Egypte en mettant sous son nez des
documents sur l'existence d'une seconde Iris, il ne serait pas mort. Lara se
serait réconciliée avec lui, il l'aurait sans doute découverte dans le village de
Putaï, en élargissant ses recherches. Mais non, à la place, il avait poursuivi une
quête qui l'avait toujours obsédé, abandonnant son élève à son sort. Lara
sentit alors monter en elle, une haine incroyable pour Natla. Elle tira, mais Natla
parvint à se cacher derrière la colonne contre laquelle elle s'appuyait.
- Arrêtez ! hurla Jacqueline Natla. Il y a un moyen de le ramener à la vie.
- Non, merci, on me l'a déjà faite celle-là.
- Je ne rigole pas, fit-elle. Tihocan et Qualopec l'ignoraient, mais ce qu'ils
appelaient l'Oeil du Monde, était en fait une invention futuriste qui permet de
voyager dans le temps. Ils n'étaient pas suffisamment évolués pour en exploiter le
maximum.
- N'essayez pas de m'embobiner avec vos salades Natla. Je ne marche plus dans
vos combines !
- C'est comme vous voulez, Miss Croft.
Lara entendit une porte se refermer. Elle fit le tour de la colonne. Natla avait disparue,
et il n'y avait aucun passage. Elle rengaina son Uzi et se mit à tâtonner la
colonne. Après deux minutes de recherches, il y eut un déclic, et un panneau coulissa. A
l'intérieur, un escalier montait. Lara s'engouffra dans le passage et gravit
les marches par deux, pour rattraper Natla et lui régler son compte. Elle arriva au
sommet de l'édifice et vit un hélicoptère en vol stationnaire. Une porte de
l'engin coulissa, et Aramov apparut, au côté de Natla. Alors qu'elle
dégainait, elle sentit une douleur dans la jambe. Une fléchette. Elle leva les yeux et
vit qu'Aramov lui jetait une pierre. Elle l'évita, alors que l'hélico
prenait la fuite. Elle remarqua qu'un papier était attaché à la pierre. Elle prit
et lut ce qui y était écrit : ''Il vous reste quelques jours à
vivre''. Elle récupéra la fléchette et vit qu'il restait un peu de
liquide. Tout n'était pas perdu.
Toujours vêtue de son long manteau marron, Lara
avançait dans les couloirs de VCI, à la recherche de Zip. Elle le trouva dans un
laboratoire, en compagnie du vieil homme et de plusieurs scientifiques. Zip la regarda,
surpris de la voir surgir ainsi et se diriger vers lui, une petite boîte à la main,
qu'elle lui tendit. Il l'ouvrit et en sortit la fléchette et le mot, qu'il
lut. Il s'approcha du scientifique le plus proche et lui donna la fléchette pour
analyse. Lara se tourna vers le vieil homme et lui demanda de la conduire là où il avait
caché l'Iris. Ils se dirigèrent vers l'ascenseur le plus grand, et une fois à
l'intérieur, il ouvrit un panneau dissimulé et tapa un code sur le clavier qui se
trouvait à l'intérieur. Les portes se refermèrent et l'ascenseur se mit à
descendre, mais une fois arrivé au niveau du rez-de-chaussée, il continua sa descente.
Après quelques secondes, il stoppa brusquement. Les portes s'ouvrirent sur un
immense salon, luxueusement décoré d'oeuvres d'art en tout genre. La
première fois qu'elle était venue dans cette pièce pour cacher l'Iris, elle
était restée ébahie devant tant de beauté. Jamais elle n'aurait cru Werner
capable d'un tel raffinement, surtout quand on savait ce qui se trouvait au dessus,
des étages et des étages de laboratoires, de bureaux, de pièces sans chaleur
humaine,... Ce lieu paraissait si irréel, même à New York.
Le vieil homme s'avança dans l'ancienne tanière de Von Croy, vers un tableau
représentant les dieux grecs. Il le fit pivoter et appuya sa main sur un détecteur. Une
fois l'identité confirmée, un pan du mur recula de cinquante centimètres et
coulissa sur le côté. Ils entrèrent alors dans une pièce plus petite, où se trouvait
une porte ronde en métal. Le vieil homme plaça son visage au centre du cercle, et un
rayon balaya son oeil, pour un contrôle rétinien. Le cercle se divisa en deux, et
chaque partie s'écarta. L'Iris était là, reposant sur un socle, baignant dans
une lumière bleutée. Il tapa un code sur le clavier à la base du socle, et la lumière
s'éteignit et une voix féminine annonça ''Système de sécurité
désactivée''. Lara s'empara de l'Iris et retourna dans le salon.
Elle ramassa son sac, qu'elle avait déposé sur un fauteuil, et en sortit
l'autre Iris. Le vieil homme étouffa une exclamation de stupeur.
- Ca alors ! fit-il.
- Oui, j'ai réussi à le récupérer.
Et elle lui raconta ce qui c'était passé, le retour de Natla,...
- Donc, elle vous avez attiré dans un piège, dans le but de vous empoisonner ?
- Apparemment, mais en s'enfuyant, elle a oublié ça, dit-elle en montrant
l'Iris. Mais maintenant, voyons ce que peut faire cet objet, marmonna-t-elle.
Elle approcha les deux partie l'une de l'autre, et soudain, les parties
intérieures qui tournaient sans cesse, s'immobilisèrent, de façon à pouvoir
assembler les deux parties correctement. Ce que Lara Croft fit. Elle eut alors un flash,
une vision.
Elle voyait un laboratoire, d'une blancheur
éclatante. Sous une cloche de verre, se trouvait l'il du Monde. Une porte
s'ouvrit et trois gardes étrangement vêtus entrèrent. Ils escortaient une jeune
femme, qui semblait n'avoir pas vingt ans. Ses cheveux blonds étaient coiffés en un
complexe chignon, et elle était habillée d'une jupe noire, d'une chemise et
une blouse blanche. Ce devait être une scientifique. Finalement, un homme vêtu de rouge
entra et s'installa à un bureau.
- Mademoiselle, dit-il, je viens vous annoncer la décision de la Cour Suprême.
Il tira une enveloppe de sa poche, et en lut le contenu.
- ''Nous condamnons l'accusée, mademoiselle Jacqueline Natla, née le 2
septembre 2123, à la peine de mort, pour avoir assassiné avec préméditation, son
mentor, le professeur Hendrik Moyers, chef du projet SHWP264733, et pour avoir tenté de
se servir du projet en question à des fins néfastes et extrêmement dangereuses pour
l'humanité toute entière.'' Acceptez-vous la sentence ? demanda-t-il.
- Comme si j'avais le choix, répondit-elle sèchement.
Un des gardes la frappa au ventre, et alors qu'il allait recommencer, le juge leva sa
main et le garde s'arrêta.
- Répondez par oui ou non.
Natla le fixa de ses yeux d'un bleu glacial, et tout se passa en un éclair. Elle
arracha l'arme du garde le plus proche et l'abattit. Les deux autres
n'eurent pas le temps de réagir, ils s'effondrèrent, morts. Le juge tenta de
s'enfuir, mais Natla lui tira une balle dans la jambe. Il s'écroula sur le sol.
Elle alla verrouiller la porte, et ensuite elle attacha le juge au siège. Il la fixa, une
expression de terreur sur le visage.
- Jacqueline, ma fille chérie, n'aggrave pas ta situation, l'implora-t-il, ils
pensaient te faire subir un sort pire que la mort, j'avais réussi à les convaincre
de ne pas...
- Depuis quand te soucies-tu de mon sort ''père'' ? demanda-t-elle en
sortant une bombe d'un tiroir. Il n'y en a toujours eu que pour ta carrière,
même après la mort de maman. La situation actuelle t'étonne ?
- Voyons, Jacquie chérie...
- Réponds par oui ou par non, le coupa-t-elle sur un ton cassant, tout en réglant le
minuteur.
- Ne fais pas ça, gémit-il.
- Bien, il te reste une minute trente à vivre.
- Ils te retrouveront, cria-t-il, paniqué. Où que tu ailles !
- Cela m'étonnerait fortement. Le projet SHWP264733 est unique en son genre, et
j'ai pris soin de détruire les plans avant mon arrestation.
Natla se dirigea vers l'Oeil du Monde et le plaça sur une plaque métallique, où
étaient gravées d'étranges inscriptions. La plaque était reliée à un clavier,
et elle tapa une série de codes. Elle regarda son père, une dernière fois, avec
dégoût. Elle mit ses mains sur la sphère, et disparut avec.
Cinq secondes plus tard, le laboratoire explosait.
Natla, quant à elle, atterrit sur le sol, dans un autre lieu, une autre époque. Elle
tenait toujours la sphère entre ses mains. Elle était dans une sorte de verger, mais il
était entouré d'une muraille dorée. Elle se releva et vit deux jeunes gens
accourir vers elle. Ils étaient vêtus d'une toge. L'un était blond avec des
yeux marrons et l'autre était châtain avec des yeux bleus. Ils l'aidèrent à
marcher jusqu'à un banc de pierre, où ils la firent s'asseoir.
- Tout va bien ? demanda le châtain.
- Qui êtes vous ? Où suis-je ?
- Vous ne devez pas être de la région, je suis le prince Tihocan, répondit le châtain,
et voici mon frère Qualopec, ajouta-t-il en désignant du doigt l'autre homme. Et
vous êtes au royaume d'Atlantide.
- L'Atlantide ?!? Ca alors, je n'arrive pas à y croire.
- Vous êtes bien étrangement vêtue, fit Qualopec, en regardant sa blouse. D'où
venez-vous ?
- Eh bien, je viens de loin.
- Grâce à ceci ? demanda-t-il en montrant le projet SHWP264733.
- Oui, cela m'a permis de voyager dans le... jusqu'ici.
- Comment vous appelez-vous ? demanda Tihocan.
- Natla, et je suis la fille d'un roi dont le royaume vient d'être dévasté,
mentit-elle. Cet objet m'a permis d'échapper à une mort certaine. Je suis
l'unique survivante.
- Venez avec nous au palais, dit Tihocan, nous allons voir si vous n'êtes pas
blessée. Et nous vous présenterons à notre père, il adore voyager, mais nous tenons à
garder notre civilisation secrète pour éviter les guerres qui divisent les peuples.
- Je comprends.
- Père adore discuter avec les voyageurs quand il en a l'occasion, mais c'est
si rare de voir des étrangers sur nos terres, fit Qualopec.
- D'autant plus qu'ils ne sont pas tous aussi ravissants que vous, la
complimenta Tihocan.
Natla rougit légèrement pendant qu'ils passaient devant une immense pyramide en or.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.
- La pyramide de la création, répondit rapidement Tihocan, sous le regard menaçant de
son frère.
Un étrange sourire se dessina sur le visage de Natla.
Lara Croft se réveilla. Elle était toujours dans le
salon, mais allongée sur un divan. Le vieil homme la regardait, heureux de la voir
bouger.
- Tout va bien, Miss ?
- Oui, je... j'ai eu une sorte de vision...
- Une vision ? De quel genre ?
- Sur les origines de l'Oeil du Monde.
- Ah ! Et alors ?
- Il vient du futur.
- Du... futur ? Vous êtes sure que tout va bien Lara ? s'inquiéta-t-il.
Elle lui raconta alors tout ce qu'elle avait vu.
- Donc, Natla est une exilée du futur.
- Pas vraiment. En fait elle a été condamnée à mort, et pour s'échapper, elle a
utilisé l'objet mis au point avec son mentor, et s'est retrouvée dans le
passé. Mais là, elle a tenté de prendre le pouvoir et a aussi été condamnée, mais
pas à mort. Elle avait été emprisonnée dans une cellule de glace pour
l'éternité, mais...
- Elle a réussit à s'en échapper, finit-il.
- Oui, mais pas depuis très longtemps, une dizaine d'année sans doute. Et elle a
retenté de prendre le pouvoir. Mais elle a encore échoué et a réussi à s'enfuir.
- C'est une femme coriace.
- Effectivement. Mais pourquoi veut-elle l'Iris, enfin l'Oeil du Monde ? Nous ne
sommes pas assez évolué technologiquement pour qu'elle puisse en tirer un profit
maximum.
Elle fut interrompue dans son raisonnement par son GSM. Elle décrocha. C'était Zip.
Elle écouta et raccrocha.
- Que voulait-il ? demanda le vieil homme.
- Il a les résultats de la fléchette, fit Lara.
- Et ? Ce n'est pas grave, j'espère ?
- Pas du tout. C'était de l'eau sucrée.
- De l'eau sucrée ?!? Mais pourquoi vous avoir fait croire que vous étiez
empoisonnée ? C'est absurde.
- Je sais, mais je crois que depuis le début, je me fais mener en bateau, comme si je
n'étais qu'un instrument et...
Soudain, l'ascenseur sonna.
- Vous l'avez appelé ? demanda en se tournant vers le vieil homme.
- Non. Je ne comprends pas.
Et les portes s'ouvrirent.
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