Chapitre 2
Lara avait traversé le miroir. Elle ignorait comment,
mais elle avait atterri très bêtement dans sa bibliothèque. Elle se retourna et passa
sa main sur le miroir. Rien. La porte était fermée.
Elle observa la pièce. Rien n'avait changé, mais pourtant... On aurait dit que
la bibliothèque était transformée. Cela mettait Lara mal à l'aise. L'endroit
était anormalement sombre. La jeune femme porta instinctivement ses mains à ses
pistolets.
Elle fronça les sourcils. Lara ne les avait pas sur elle lors du passage dans le miroir.
Elle s'avança vers le couloir qui permettait de sortir de la bibliothèque.
Lentement, elle marcha dans le couloir, et l'impression que sa maison était
déformée s'accentua en elle.
Sa demeure était emplie de lumière. Aujourd'hui, toutes les fenêtres avaient
disparues. Les couleurs des tapis et des murs étaient normalement vives et rayonnantes,
là elles étaient sombres et froides. Le noir revenait le plus souvent. C'était sa
maison, mais contraire à la façon dont elle l'avait décorée. Même les meubles et
les escaliers étaient contraires à elle.
De plus en plus mal à l'aise, elle franchit la porte d'entrée et se dépêcha
de sortir du jardin, pour arriver en ville.
Elle respira profondément. La ville était exactement contraire à celle qu'elle
connaissait. Bruyante et gaie, la ville était silencieuse et austère. Ç'aurait
été plus gai dans un cimetière.
Il faisait un froid anormal, les lumières des maisons étaient éteintes. Lara frissonna.
Soudain, elle entendit un cri moqueur. Elle leva la tête. Un corbeau noir
l'observait d'un air mauvais.
La jeune femme hâta le pas, et se rendit vers son seul repère : Kurtis Trent. Il
habitait dans la même ville que Lara depuis son déménagement.
Longtemps, elle marcha vers la maison de son ami. Quand elle y arriva, elle n'en crut
pas ses yeux.
La maison, si belle et si modeste, n'était à présent plus qu'un tas de
ruines. Elle avait été brûlée, et aucune partie de la maison n'était intacte. Il
ne restait plus que des cendres.
Elle entendit un bruit de pas derrière elle. Brusquement, elle se retourna.
Un couple marchait sur le chemin. Dès que l'homme et la femme virent la jeune femme,
ils s'arrêtèrent net et cessèrent leur conversation.
Lara s'approcha d'eux dans l'espoir de leur demander ce qui s'était
passé en ville quand ce qu'elle vit la stupéfia.
Le couple s'inclina devant elle :
-Salut à vous, dit la femme. Notre reine, allez-vous bien ?
-Nous parlions de votre mariage, enchaîna l'homme.
Lara les regarda d'un air ébahi, espérant qu'ils allaient se relever et crier
: « Poisson d'avril ! », mais ils ne firent rien et gardèrent la tête baissée.
-Euh...fit Lara.
Brusquement, aussi clairement que si elle les avait lues, la jeune femme entendit des
pensées autres que les siennes.
-Pourquoi semble-t-elle avoir perdu son assurance tout à coup ?
-Etrange...Peut-être essaie-t-elle de nous déstabiliser ?
-Pardon, demanda Lara, mais c'est de moi que vous parlez ? Enfin penser ?
Le couple la regarda d'un air étonné.
-On n'a rien pensé du tout, ma reine, mentit la femme. Depuis que vous avez
installé avec votre mari cette loi de la télépathie, plus personne ne se risque à
penser du mal de vous. Car après tout, vous êtes une reine juste et sage, ajouta
précipitamment la femme.
Son esprit mentait. Lara l'entendait. Une reine sanguinaire terrifiante.
La jeune femme les quitta précipitamment.
Apparemment, ici, elle était détestée. Restait à savoir pourquoi.
Les rares personnes qu'elle croisa la saluèrent, en l'appelant « ma reine ».
Lara se sentait vraiment mal, car toutes ces personnes exprimaient par leur regard la
haine farouche qu'elles lui vouaient.
La jeune femme entendit soudain une musique solennelle, à quelques rues devant. Elle se
hâta d'y aller.
Devant un grand bâtiment, une estrade se dressait et une femme venait d'y monter.
Lara se figea.
Une immense foule rejoignit Lara, silencieuse. Toute la ville semblait s'être
déplacée.
La femme était majestueuse, vêtue d'une grande robe noire à manches longues. Des
voiles rouges pendaient de ses épaules. Ses longs cheveux noirs étaient coiffés en
arrière, et ils étaient librement tombés sur ses épaules, pour s'arrêter environ
à la taille.
Mais le pire dans tout cela, ce n'était le visage morbide et cruel de la femme ; ce
n'était pas non plus ses yeux qui dévisageaient chaque personne de la foule qui
entourait Lara, ni les corbeaux qui étaient perchés sur plusieurs maisons. Cette femme
était tout simplement horrible, cela se voyait à vue d'oeil : nul besoin de la
connaître pour cela.
Lara ressentit un choc, et ses yeux ne la trompaient pourtant pas : cette femme, qui
allait commencer un discours à la population de la ville, Lara la connaissait très bien.
Elle la connaissait mieux que n'importe qui.
Cette femme se nommait Lara Croft.
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