Chapitre 8
L'avion atterrit doucement sur une
piste improvisée. Le pilote n'en était visiblement pas à son premier atterrissage
sur le site, et les hommes qui l'accueillir, des égyptiens à n'en pas douter,
connaissaient exactement la manoeuvre pour dissimuler les traces de l'avion.
Le pilote passa dans la soute ou il avait
installé des sièges de fortune et ou attendaient ses passagers meurtris pas plus de 10h
de vol dans une position inconfortable. « On est arrivé. Pour le paiement, c'est
maintenant. Et pour le retour, vous vous débrouillez. Je pars demain matin. »
Lara et Sidney sortirent de
l'appareil, suivies de Stewie. L'aéroport clandestin se trouvait dans le
désert. Le soleil se levait à peine, teintant les dunes de rose, et pourtant la chaleur
commençait déjà à se lever. La fraîcheur de la nuit était néanmoins encore
sensible, et Lara inspira à plein poumons. Sidney lui jeta un regard en coin. Elle avait
vu le changement d'attitude de la jeune femme quand elle avait appris qu'il lui
faudrait aller en Egypte. Lara était tendue. Elle se dirigèrent vers une jeep couverte
et climatisée que Stewie avait pris soin de ses procurer avant de partir. Lara prit le
volant. Sidney se surpris a vérifier que la voiture n'était munie n'aile tant
la conduite de Lara la faisait rebondir sur les dénivellations sableuses.
Le trio arriva enfin en vue de la bande
de verdure qui annonçait le Nil. Des maisons de briques formaient des villages au milieu
des champs et le fleuve paressait au milieu de sa cicatrice verte. Lara continua à
conduire. La voiture avait une grande autonomie, et ils arrivèrent au Caire juste avant
la panne sèche. Lara se gara devant une maison à l'écart de la ville, et frappa à
la porte. Un homme corpulent leur ouvrit. « Lara !! Je ne savais pas que tu étais en
Egypte ! Tu aurais du me le dire ! Je serais venu te chercher à l'aéroport ! »
Lara laissa échapper un sourire. « Allons Jean Yves ! Tu n'as pas de voiture...
De plus, je ne suis pas arrivée ici avec la bénédiction des autorités égyptiennes.
Depuis la destruction du tombeau de Seth, ils ne voient plus d'un bon oeil ma
présence sur leur sol ... J'ai besoin de renseignements. Et je pense que tu peux
m'aider. »
Le français les conduisit dans une
petite salle décorée à l'orientale exposant des objets d'art egyptiens et les
fit asseoir sur des coussins. Une théière remplie de feuilles odorantes trônait déjà
sur la petite table ronde. Il servit chacun pendant que Lara faisait les présentations.
« Je te présente le professeur Sidney Fox dont tu as sûrement déjà entendu parler, et
... Stewie Harper. Dont personne n'a probablement jamais entendu parler. » Stewie
prit un air offensé et se cala dans les coussins. Il aurait bien rétorqué une phrase
très spirituelle à l'anglaise mais s'en abstint pour plusieurs raisons.
D'abord il n'avait aucune idée de phrase spirituelle à l'esprit, ensuite
elle risquait de très mal le prendre, enfin il n'avait pas encore trouvé son
trésor. Jean Yves se tourna vers Sidney. « Enchanté Professeur Fox. J'ai suivi vos
publications et vous êtes une référence en matière de découverte et de chasse à la
relique. Au moins autant que Lara. C'est un honneur. Et le mobilier funéraire que
vous avez découvert lors... » Lara le coupa. « Jean Yves, nous avons besoin de toi.
Il nous faut retrouver le couple Walters. Vite. » Le vieil érudit se leva et se posta à
la fenêtre du balcon. « Un couple d'anglais est arrivé il y a quelques jours. Ils
ont loué une vieille maison coloniale en périphérie du Caire, au bord du Nil.
Apparemment, ils ont amené leur propre personnel. » Il se tourna vers Lara. « je peux
me renseigner. En attendant, des chambres ont été préparées. L'une pour les
dames, l'autre pour.... Votre ami ». Tout le monde se tourna vers Stewie qui
venait de saisir une statuette de Touheris et la dirigeait vers son sac. La main tenant
l'objet remonta vers ses yeux « Superbe ! Très belle pièce... Hem.. Je la
remets en place... voiiiiiiiila. » Il épousseta rapidement la petite statue, la
reposa sur son étagère et revint s'asseoir sur son coussin, feignant d'ignorer
le regard assassin que lui jetait Sidney.
Celle ci remercia Jean Yves et posa ses
affaires. Elle se lança dans une discussion passionnée avec l'érudit sur les
constructions et les pièges des tombeaux et temples cachés des égyptiens des rois de
l'ancien empire. Lara laissa les deux savants à leurs discussion .Elle sentait
encore en elle ce picotement caractéristique qu'elle ressentait à chaque fois
qu'elle posait un pied en Egypte.
Elle décida d'arpenter les rues du
Caire. Non que cela soulagerait sa tension, mais elle ne se sentait pas de rester dans
cette maison. Le soleil brillait de toute son ardeur. On était au milieu de l'après
midi, et les égyptiens évitaient de sortir si cela n'était pas nécessaire. Aussi
l'aventurière ne rencontra t elle dans sa promenade que quelques touristes en
goguette, caméscope sur l'épaule, appareil photo sur le ventre et enfants sur les
talons, et des commerçants qui trouvaient dans ces touristes un moyen de vivre plus ou
moins lucratif.
Elle resta un moment à contempler le
spectacle des pyramides et la mosquée d'Ibn Tullun. Elle savait que cet aspect
intemporel de la ville millénaire n'était que le reflet d'un passé révolu,
mais il lui semblait tellement plus attirant que le Caire moderne qui bruyait de
l'activité économique et du vrombissement des voitures....
Elle fini par s'arrêter dans un
petit café suffisamment éloigné des points touristiques pour qu'elle ne soit pas
entourée de touristes, et suffisamment fréquenté par les européens pour qu'elle
puisse s'y asseoir seule et en short sans que le cafetier ne lui lance des regards en
biais. L'Egypte était loin d'être un pays extrémiste, mais certaines choses
restaient néanmoins fortement ancrées dans les mentalités.
Une silhouette passant dans la rue
peuplée attira son attention. Grand, blond, une allure deguingandée, elle ne pouvait pas
se tromper. Elle laissa son carcadé glacé et se lança à la suite de Larson.
Elle suivi sa cible jusqu'une maison
de belle apparence, d'époque coloniale. Jean Yves avait dit une maison coloniale en
périphérie du Caire près du Nil. Pas de doute, c'était la maison des Walters.
Lara grimpa dans l'un des palmiers qui entouraient le jardin et jeta un oeil. La
maison était gardée par des hommes lourdement armés et des chiens tenus courts.
Elle redescendit. Il lui fallait entrer dans cette maison. La nuit serait sa meilleure
alliée. Elle s'en retourna vers la demeure de Jean Yves. Un peu de repos lui ferait
du bien avant de passer à l'action.
*
**
Sidney posa la petite statuette. Lara
n'était pas encore rentrée. Elle fouilla dans son sac et en sorti sa mini
arbalète. L'appareil lui avait plus d'une fois servi et en de nombreuses
occasion sauvé la vie. Elle poussa un couteau dans sa bote et saisi son manteau. Elle
trouverai la maison, avec ou sans l'aventurière. Et en passant elle mettrait aussi
la main sur Da Viega. Elle passa la sangle de son sac sur ses épaules et sorti. Le ciel
commençait déjà à se colorer de rose. Sidney connaissait l'Egypte. Comme dans
tout les pays désertiques, le jour tombait très vite. Elle poussa la porte du petit
jardin et respira à plein poumon l'air ambiant, encore chaud.
Elle repéra vite une ombre discrète qui
se dirigeait vers la maison et se prépara à se battre. Da Viega ne ferait rien avant
d'avoir le livre, mais il n'en allait pas de même pour les Walters et leurs
comparses.
Sidney recula dans l'ombre. Une voix décidée lui arriva aux oreilles. « Avec votre
discrétion, même un aveugle sourd vous repérerait. » Lara Croft se montra en pleine
lumière. « J'ai trouvé la maison. Reste à espérer qu'ils ont amené le
livre avec eux. Attendez moi, je reviens.»
Lara entra dans la maison. Ses maigres
bagages avaient été portés dans une petite pièce fraîche. Elle sorti son ceinturon et
ses armes et se prépara. La nuit serait mouvementée.
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