Chapitre 5
Sidney suivait le mur depuis une dizaine
de minutes. La cave restait toujours aussi obscure. Sa lampe lui permettait tout juste de
voir à quelques mètres devant elle. Sa main passa soudain sur une matière différente.
La pierre froide et dure qui l'avait guidée se transformait en une sorte de ciment
friable. Elle sorti son couteau et le passa entre deux pierres. « Non, rectifia-t-elle.
Pas des pierres : des briques. » Elle descella deux briques à hauteur des yeux et
engagea sa lampe. La lumière ne révéla rien d'autre qu'un couloir, à priori
du même âge que la cave. Elle préleva une petite quantité de poussière et la mit dans
un sachet qui regagna son sac.
Sidney recula de quelques pas en
éclairant le mur. Dans la lumière de la torche, la différence de matière était
évidente. La partie murée accusait la forme d'une flamme irrégulière. Ca et la,
le liement utilisé permettait encore de discerner le travail de la pierre de
l'arceau. Sidney s'approcha. Sur ces pierres noires et brillantes, des symboles
avaient été gravés. Elle parcourut rapidement du regard les portions apparentes et
sorti son petit calepin. Elle ne mit pas longtemps à repérer un motif récurrent : un
petit triangle, sommet vers le bas, surmonté de deux petites oreilles. Le signe de Seth.
Son attention fut détournée par un
claquement sonore qui rebondissait sur les parois de la cave. Des braseros apparurent sur
les colonnes de la voûte, éclairant l'ensemble de la cave. Sidney n'eut que le
temps de voir leur porte d'arrivée se fermer. Une bête énorme, indescriptible lui
bondit dessus. L'historienne parvint à éviter les dents du monstre, mais celui-ci
réussi à l'entraîner avec lui au travers du mur de brique à l'aide de sa
puissante queue.
Sidney eu juste le temps de voir le mur s'effondrer sur elle. Elle roula sur le coté
et, se protégeant la tête de ses bras, tenta d'échapper aux briques qui
s'abattaient.
Quand le fracas fut passé, Sidney releva la tête. Elle se trouvait dans le noir complet.
Fouillant son sac, elle réussi à trouver sa lampe. Mais l'ampoule, sans doute
brisée dans la chute, refusa de s'allumer. Elle parvint tout de même à dénicher
une fusée éclairante de secours. La lumière était forte, mais de courte durée. Elle
repéra le monstre, écrasé par les gravats Un animal étrange, hybride de plusieurs
espèces.
L'universitaire tourna sur
elle-même. Elle ne vit nulle part traces du mur qui avait failli la tuer. Se rendant la
d'où semblait provenir les briques qui jonchaient le sol, elle passa sa main sur le
mur. Le contact de la pierre brute confirma ses doutes La porte avait disparu. Elle recula
de quelques pas et consulta son téléphone cellulaire. Bien entendu, il était hors
réseau.
La torche choisi ce moment pour donner sa
dernière lueur. Sidney fouilla dans son sac à la recherche d'une boite
d'allumettes ou d'un briquet. Elle trouva une vieille pochette publicitaire et
gratta une allumette. Le couloir s'étendait sur sa droite. Elle soupira et avança.
Alors que l'allumette rendait sa dernière braise, Sidney posa son pied droit à
terre. Une pierre roula, la déséquilibrant. Elle voulu se rattraper en reculant la
jambe, et senti le sol se dérober. Elle tomba en arrière, sans que rien ne se présente
pour lui permettre de se rattraper.
La chute lui paru durer une éternité.
Elle se préparait au contact de la pierre et à la douleur qui suivrait, quand elle
sentit son dos entrer douloureusement en contact avec une masse liquide. Le choc lui coupa
le souffle.
Elle revint instinctivement vers la surface et aspira une grande goulée d'air puis
regarda autour d'elle. La première chose qu'elle vit fut la lumière
électrique installée au plafond. La seconde, le gros trou dans le même plafond, à
quelques centimètres du câble électrique. La troisième fut un gros rat noir qui la
fixait de ses petits yeux, comme la défiant de venir réclamer son territoire.
Sidney remarqua alors le trottoir qui
bordait le canal dans lequel elle barbotait. Elle se trouvait dans un égout.
L'historienne nagea jusqu'au trottoir, faisant fuir le rat dans un couinement
indigné. Elle sorti par la première échelle à sa portée. Le jour n'allait pas
tarder à se lever. Pestant contre l'odeur, elle lissa ses vêtements et fit un
rapide tour d'horizon. Elle se trouvait dans une rue à quelques centaines de mètres
de la maison ou elle s'était introduite en début de nuit.
Sidney attacha ses cheveux mouillés et
se mit à courir vers la demeure. Il fallait retrouver Lara. Elle ralenti l'allure en
voyant une femme massive adossée à un mur. Elle se cacha dans une encoignure de porte.
D'autres individus semblaient monter la garde autour de la maison.
L'historienne fit le tour, tachant
de déterminer le périmètre de surveillance. Elle réfléchissait à la meilleure façon
d'y retourner quand un bruit la fit se retourner. La femme était derrière elle,
armée d'un couteau dans chaque main. Elle abattit le premier en direction de la
gorge de Sidney qui évita le coup en passant sous le bras de son adversaire. Elle lui
saisi le poignet et, effectuant une poussée sur le coude, fit chuter la femme.... Qui
se releva aussitôt et revint à l'attaque.
Sidney esquiva le premier coup par un saut périlleux arrière et le second en se
baissant. Elle en profita pour faucher les jambes de son opposante qui tomba lourdement
sur le sol. Sidney ne lui laissa pas le temps de se relever et saisit le bras de la femme,
l'obligeant à se remettre debout. Elle pivota, la forçant à tourner et
l'envoya dans le mur. La femme resta quelques secondes debout, sonnée, puis
s'écroula. Sidney quitta la ruelle. Elle entendait déjà les pas des renforts
attirés par le bruit.
Elle s'éloignait discrètement de
la maison quand le sol se mit à vibrer. Elle se retourna. Trois maisons disparurent,
aspirée par la terre. A leur place ne restait plus qu'un nuage de poussière. La
maison silencieuse en faisait partie. Sidney recula. Pour retrouver Lara maintenant,
c'était des pompiers dont elle aurait besoin. Elle saisi son téléphone, appela le
911 et prit le chemin de l'hôtel. Il lui faudrait du matériel pour les recherches.
* * *
Lara remonta l'escalier jusqu'à un
palier. Il ne lui semblait pas être descendue si bas dans les sous sol de la ville.
L'escalier devant une porte fermée. Une porte en forme de flamme à double battant,
maintenue dans un chambranle de pierre noire et sculptée, haute de 4m et large de 2.
Les deux battants eux même étaient ornées d'une frises de petits personnages
bâtons se dirigeant vers un point central : une représentation du sceptre.
Lara se dirigea vers la porte monumentale
et poussa les battants. Elle ne parvint pas à les faire bouger. Abandonnant ses vaines
tentatives, elle passa les murs en revue. Et aperçu un petit chemin dans la roche. Elle
l'emprunta. Le chemin la conduisit dans une petite grotte. Au fond se trouvait une
petite cavité formant autel ou était posée une petit balance. Un monstre à corps de
chien et tête d'hippopotame se trouvait a coté. Dans des petits vases, des cailloux
de couleur différents brillaient à la lueur de la lampe. Une inscription démotique
conseillait de « donner preuve à Maat de la pureté de son coeur pour obtenir la
protection des dieux vers les jardins d'Ialou ». La balance n'était pas
ajustée. Sans doute fallait il l'équilibrer pour ouvrir la porte.
Elle estima le poids du plateau lourd et forma un tas de cailloux approximativement égal.
Lara eu beau changer la charge, elle ne parvenait pas à équilibrer parfaitement. Et
chaque erreur provoquait un frémissement du gardien de pierre, la dévoreuse d'âme.
Elle relit l'avertissement et réfléchit. Dans le livre des morts, le jugement se
faisait avec un plume de Maat et un coeur humain. Lara se voyait mal s'arracher
le coeur pour sortir. Elle saisi son couteau et s'entailla la paume. Le sang ruissela
sur les pierres. Le balancier s'équilibra de lui-même et le gardien se coucha avant
de redevenir pierre.
La balance se mit à briller. Son socle s'éleva, faisant apparaître un cylindre.
Lara recula. La lumière s'abaissa enfin et l'aventurière pu voir que le
cylindre en question était creux. Elle s'approcha. Une petite plaque métallique
dorée représentant Nephtys, la déesse protectrice, les ailes grandes ouvertes, brillait
doucement.
Lara retourna vers la porte et se remit
à l'inspecter. Cette figure devait être une clef. Elle fini par remarque deux
petits personnages qui se faisaient face et ne suivaient pas la procession des autres. La
jeune femme passa son doigt et sentit une fine dénivellation sur le bois poli. Elle
regarda Nephtys et compara la taille de la figurine à celle de l'écart entre les
deux personnages. Ca correspondait. Lara posa la petite plaque de métal sur la porte, qui
paru l'absorber. Les battants commencèrent à s'écarter. Elle s'engagea
dans le nouveau passage. Derrière elle, elle entendit monter un grondement. Un épais
nuage de poussière se propulsait vers l'aventurière. Lara se mit à courir. Elle
voyait face à elle de la lumière. Lara accéléra son allure et eut tout juste le temps
de remarquer un mur en face sa sortie providentielle. Un mur muni d'une hampe. Elle
sentait la poussière dans son dos. Poussée par l'adrénaline et par le souffle qui
la suivait, elle sauta et se rattrapa à la hampe. Se hissant sur cette poutre
improvisée, elle leva les yeux. Le toit n'était pas loin. C'était le toit
plat d'un entrepôt. Elle s'y assis et regarda ce à quoi elle venait de
s'échapper. Elle se trouvait dans un vaste quartier industriel abandonné.
L'entrepôt en face de son abri s'était effondré. Elle remarqua que quelques
maisons subissaient des secousses et, plus loin, qu'un nuage de poussière se
formait. Sans doute la maison ou elles avaient suivi Pierre et Larson.
Lara quitta son abri par les escaliers de
secours, heureusement en bon état, et prit le chemin de l'hôtel. Elle ne pouvait
partir à la recherche de Sidney dans cette tenue.
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