Chapitre 2
Lara Croft avançait péniblement, essoufflée par ce
qu'elle venait d'accomplir ; heureusement, la lumière du jour lui parvenait du
fond du couloir. Elle marcha un peu, et soudain une ombre se dessina dans l'ouverture
: Werner Von Croy. Le sol commença alors à trembler.
- Vite ma chère, avant que tout ne s'écroule, lui cria-t-il.
Lara s'appuya contre le mur, méfiante :
- C'est vous Werner ? Vous n'êtes plus Seth ?
- Nein, Nein, pas le temps, Lara, cria-t-il alors que les dalles se soulevaient
dangereusement.
Elle se mit à courir, mais ses jambes la faisaient souffrir. Le sol s'effondra
totalement et elle parvint à s'agripper de justesse, elle leva la tête.
- Votre main, Lara, donnez moi votre main.
- Quelle joie de vous revoir Werner, dit-elle en souriant.
- Ma main, attrapez ma main, je vais vous sortir de là.
Il se baissa avec douleur, sa jambe le faisant toujours souffrir. Ce fut alors le plafond
qui se mit à tomber. Lara vit Werner s'éloigner, une expression de terreur sur le
visage, et lâcha prise. Elle tomba dans les ténèbres... et se réveilla en sursaut.
Il était six heure du matin et elle mit un certain temps à réaliser qu'elle se
trouvait dans sa chambre. Elle se rappela son cauchemar et eut des sueurs froides. Ce
cauchemar la hantait depuis la mort de Von Croy. Elle se sentait coupable : pourquoi
avait-elle hésité à le rejoindre immédiatement ? Une fois sortie, ils se seraient
certainement réconciliés, et au lieu de cela, leur relation avait empiré... Putaï,
la shamane de la tribu qui l'avait recueilli en Egypte, lui avait appris à apaiser
ses démons intérieurs, mais depuis un certain temps, c'était devenu très
difficile.
Lara essaya de chasser ces obscures pensées, mais une autre en prit la place : Gunderson.
La veille, après le départ de Rouzic, elle avait énormément réfléchi et en était
arrivée à une conclusion logique : Gunderson cherchait sa salle secrète, donc un objet
rare, et comme il avait échoué, il allait sûrement envoyé une seconde équipe. Mais
cette fois, Luther ne serait pas là pour les effrayer, c'est pourquoi la veille,
elle avait contactée son suppléant de VCI, un as de l'informatique, et un très bon
ami, qui l'avait d'ailleurs aider à récupérer l'Iris : Zip. Elle lui
avait demandé de venir et d'apporter du matériel spécial. En attendant, elle alla
prendre une douche et s'habilla (jeans délavé, T-shirt). Winston dormait encore, de
ce fait, elle se prépara un petit déjeuner très simple ; d'habitude son majordome
lui cuisinait des tas de choses pour qu'elle garde la forme. Elle n'osait lui
dire qu'il en faisait trop, de peur qu'il en ait de la peine. Si il l'avait
vu manger des corn flakes (une nourriture pour bestiaux comme il répétait sans cesse),
il n'aurait pu s'empêcher de jeter le bol dans la poubelle et de lui préparer
ce qu'il qualifiait de véritable petit déjeuner.
Après avoir mangé suffisamment, elle monta au grenier sans faire de bruit, et y prit de
grandes caisses, qu'elle descendit dans le couloir de la salle aux trésors.
Réveillé par le bruit des caisses qui glissent sur le sol, Winston sortit de sa chambre.
- Miss Croft ! Mais que faites-vous ? Il n'est que 7 heure du matin.
- Je prépare une surprise pour nos amis.
- Une... une surprise ? demanda-t-il, intrigué.
- Oui, je vais descendre tous les objets au sous-sol, et installer quelque chose digne des
Anciens dans la salle qui sera alors vide, sans l'objet qu'ils recherchent.
- Digne des Anciens ? j'avoue ne pas comprendre Miss.
- Il vaut mieux que vous n'en sachiez rien, cela risque de ne pas vous plaire.
- Voulez-vous que je vous aide ?
- Non, ce ne sera pas nécessaire, Zip doit arriver de New York dans la journée.
- Je vous prépare votre petit déjeuner alors?
- Non merci, j'ai déjà mangé, dit-elle en ouvrant la salle secrète.
- Quelque chose de sain, j'ose espérer ?
- Bien sur, mentit-elle, chocolat chaud, croissant, jus d'orange.
- Heu, je vous rappelle que mon neveu vient me rendre visite la semaine prochaine,
et...
- Oui, oui, c'est çà, le coupa-t-elle en s'éloignant, je vais finir par le
savoir, vous me le dites vingt fois par jour depuis une semaine, cela devient agaçant à
la fin.
Bien qu'elle eut commencé assez tôt, Lara mit tout de même presque 3 heures, et
avec l'aide de Winston (qu'elle finit par accepter à contrecoeur) pour tout
descendre au sous-sol, dont l'entrée était aussi bien cachée que celle de la salle
aux trésors. À midi, Lara mangea très peu, au grand agacement de Winston, et attendait
avec impatience l'arrivée de Zip, qui ne tarda guère. Il était tel qu'elle
s'en rappelait : grand, noir, séduisant, mais trop dragueur.
- Alors ma chérie, on appelle le grand Zip à la rescousse.
- On peut dire ça, dit-elle en souriant et en le serrant dans ses bras. Alors, ton
nouveau job te plait ?
- Ouais, j'ai dû bosser dur au début pour comprendre les recherches de ton ami,
mais maintenant, ça va, on a de bonnes bases pour continuer, sauf qu'il nous manque
'Iris.
- Tu l'auras avant de partir, mais il faut d'abord m'aider. La dernière
fois, ils ont coupé le système de sécurité, alors j'en veux un supplémentaire
mais indépendant du premier.
- C'est faisable.
- Et aussi, ajouta-t-elle, que tu installes un système audio vidéo entre le sous-sol,
où sera le centre de contrôle, et la salle.
- OK, mais viens d'abord m'assister à débarquer les caisses, bébé.
- Oooh, encore des caisses..., dit-elle avec ironie, sans que Zip ne comprenne
pourquoi, c'est alors qu'elle remarqua qu'il n'était pas venu seul.
Tu nous présentes ? demanda-t-elle en regardant l'homme qui descendait du camion.
- Lara, voici Bryce, c'est mon assistant, et le meilleur... après moi bien sûr.
- Enchantée, dit-elle en lui serrant la main.
- On peut vivre là dedans sans se perdre ? demanda-t-il en regardant le manoir.
- Oui, et j'ai même l'électricité si cela peut vous étonner.
L'installation du piège leur prit du temps, tellement de temps, qu'elle leur
offrit son hospitalité et qu'ils acceptèrent ; surtout Zip qui accepta avec joie,
mais qui fut déçu de ne pouvoir dormir dans la même chambre que Lara, tandis que Bryce
préféra dormir dans le camion. Le lendemain, ils se levèrent tôt, leur avion pour New
York partant à 10 heure.
- Oh, attends, lui cria-t-elle alors qu'il montait dans son camion.
- Oui, j'arrive chercher mon baiser, ne t'inquiètes pas.
- Là, tu te fais des idées, mon cher. Tu oublies d'emporter l'Iris pour les
recherches.
- Ah oui, que je suis distrait, dit-il en chargeant la caisse. On se tient au courant,
hein ?
La camionnette s'éloigna, laissant Lara et ses problèmes. Elle ne lui en avait rien
dit, mais elle s'était bien amusée en sa compagnie. À bien y réfléchir, elle
n'avait plus autant ri depuis la mort de Werner, et maintenant que Zip était parti,
elle se sentait accablée et fatiguée. Bien qu'il fut 11 heure et quart, elle
retourna se coucher. Et pour une fois depuis un certain temps, elle ne fit pas de
cauchemar.
Pendant ce temps, au Pérou, Gunderson et son équipe se gelaient dans les montagnes. Ils
n'avaient toujours rien trouvé, et pourtant, ils avaient fouillé la tombe tant de
fois, qu'ils en connaissaient chaque endroit. Au risque de se faire tuer, il se
décida à contacter son patron. Il alluma l'ordinateur à transmission directe.
L'écran affichait 'connexion en cours, veuillez patienter', et soudain,
elle apparut au centre de l'écran.
- Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle d'un ton agacé.
- Je tiens à m'excuser d'avance, madame, mais nous n'avons rien trouvé.
- Vous osez me déranger pour m'annoncer un échec. Que voulez-vous que je vous dise
?
- Mais, je...
- Il n'y a pas de mais Gunderson, coupa-t-elle, continuez à chercher, la relique est
cachée là et je le sais.
- Mais, elle est introuvable, peut-être quelqu'un est-il passé avant nous,
avança-t-il comme hypothèse pour justifier son échec.
- Impossible, il n'y a que Croft et moi-même qui connaissons l'emplacement de
la tombe, et elle ne l'a pas pris, je peux vous le garantir. En tout cas, cherchez
mieux, il doit y avoir des salles cachées que vous n'avez pas découvertes.
- Bien madame.
- Vous savez, je vais finir par croire que vous êtes un incapable. Je paie pour des
résultats, alors ne m'appelez plus pour m'annoncer un échec. Compris ?
- Oui madame.
L'écran devint noir et afficha 'fin de transmission'. Il savait qu'il
n'avait plus droit à l'erreur, il l'avait vu dans ses yeux, d'un bleu
intense. C'était sa dernière chance, et il enragea quand il vit qu'il
n'avait pas emporté de dynamite pour faire sauter quelques murs. Il allait falloir
retourner à la ville, qui était à deux jours de marches, et il le sentait, le temps
commençait à lui être compté. Il leva le camp, et la longue descente put débuter.
- Miss Croft, se plaigna Winston, il est presque 1 heure du matin, et cela va faire deux
nuits que nous sommes dans ce sous-sol à attendre. Ils ne viendront plus, conclut-il en
regardant autour d'eux l'aquarium géant, rempli de poissons exotiques, qui se
trouvait sous le manoir. C'était dans cette pièce, où Lara se sentait en paix,
qu'elle avait installé son petit QG.
- Nous verrons bien, répondit-elle sans lever les yeux de son journal. Vous avez vu ça ?
Plus de cent nourrissons ont été kidnappés dans plusieurs hôpitaux du monde. Qui peut
être taré à ce point, enlever des bébés ! Les gens sont de plus en plus dérangés.
- Miss Croft ?
- Hum ? dit-elle en continuant à lire.
- L'ordinateur signale une coupure du système de sécurité principal.
- Ah ! On va enfin rigoler un peu.
Elle pivota son siège et enclencha le système de sécurité indépendant. Les moniteurs
affichèrent différentes images du couloir où se trouvait la salle secrète. Soudain,
quatre hommes apparurent. Ils mirent dix bonnes minutes pour trouver le mécanisme
d'ouverture, et entrèrent. Lara sourit, et alla se placer devant une caméra,
située sur un écran qui montrait une vue plongeante de la salle. Elle appuya un bouton,
et la porte de la salle coulissa et se referma. Ils étaient pris au piège. L'écran
accroché en haut du mur du fond s'alluma. Lara Croft leur apparut.
- Bonsoir à vous, j'espère que nous allons passer un agréable moment.
Ils n'écoutaient pas et essayaient de rouvrir la porte.
- Oh, ce n'est pas la peine, c'est moi qui dirige tout de là où je suis. Et je
pense que vous allez vous faire un plaisir de répondre à mes questions.
Ils ne dirent rien et se contentèrent de la fixer, d'un regard défiant.
- Bien, commençons. Que venez vous chercher ici ?
Il y eut un long silence que Lara rompit.
- Eh bien, ne parlez pas tous en même temps, on ne s'entend plus penser... De
toute façon, vous allez me répondre, que vous le vouliez ou non. Bon, toujours rien ?
Alors commençons !
S'attendant à cette réaction, Lara avait fait installer quelques
'surprises'. Elle enclencha le premier interrupteur : aux quatre coins des murs,
un gaz vert s'échappait. Ils le virent et mirent leur masque respiratoire. Après
avoir attendu dix minutes, et supporté le silence du petit commando, Lara décida de
passer directement au dernier piège. De l'eau commença à s'élever du sol.
Des pompes avaient été installées dans l'aquarium, pour que l'eau puisse
monter. Après un certain temps (de silence), l'eau atteignit un niveau critique pour
les quatre hommes, et le plus grand des quatre brisa le silence.
- C'est bon, vous avez gagné, on vous dira ce qu'on sait, mais par pitié,
arrêtez l'eau !!!
- Ils finissent tous par tout m'avouer, confia-t-elle à Winston.
- Quel soulagement, soupira-t-il, au moins, nous ne devrons pas ramasser les cadavres
comme la dernière fois, lorsque les hommes de mains de Bartoli sont venus réclamer
vengeance, et que nous avons dû...
- Winston, c'est bon j'ai compris. Bon, dit-elle en revenant aux commandos, que
cherchez vous ?
- Une relique en votre possession : l'Iris.
- Quel dommage pour vous, elle a quitté ce manoir. Seconde question : pour qui
travaillez-vous ?
- Pour Marten Gunderson.
- Merci, mais ça je le savais. Je veux savoir pour qui il travaille, qui est son patron ?
- Lui seul le sait. Et pour tout vous dire, il ignore à quoi vont aboutir les ordres
qu'il reçoit, et cela l'inquiète comme il le nous répétait souvent avant de
partir...
- De partir ?!? s'étonna-t-elle, que voulez vous dire ?
- Le patron l'a envoyé en mission au Pérou.
Lara réfléchit, puis quitta la pièce, Winston sur les talons.
- Mais où allez-vous ?
- Je prends quelques affaires et je saute dans le premier avion à destination du Pérou.
- Mais... et les prisonniers ? demanda-t-il paniqué
- Oh, débrouillez-vous, dit-elle, agacée. Laissez les partir, ajouta-t-elle en voyant la
mine déconfite de son majordome.
- Est-ce bien sage ?
- Je sais ce que je fais, dit-elle d'un ton cassant.
Lorsque l'avion atterrit, il faisait nuit. Lara Croft descendit la rampe
d'embarquement, en appréciant le vent frais qui soufflait enfin sur son visage. Elle
passa la douane où ses armes furent confisquées, et sortit pour chercher un taxi.
C'est alors qu'elle le vit, vêtu d'une chemise ouverte dévoilant son
ventre graisseux, il portait un pantalon trop court et des sandales à ses pieds. Oui,
c'était bien lui : Césario Cortés, un de ses nombreux contact à travers le monde.
- Oooh Lara ! Comment vas-tu ?
- Césario ! que fais-tu ici ? lui demanda-t-elle en lui serrant la main.
- Tu n'es pas la seule à avoir des contacts, et on m'a annoncé ta venue il y a
un quart d'heure.
- Pourquoi ? tu t'attendais à me voir débarquer ?
- Bien sur, surtout depuis que je sais qu'un groupe de personnes a payé un guide
pour aller dans les montagnes, plus précisément là où tu t'es rendue il y a
quelques années.
Elle avait compris de quel lieu il parlait : le tombeau de Qualopec, un des souverains de
l'Atlantide. Qu'est-ce que Gunderson pouvait bien chercher là-bas ? Elle avait
pris la seule relique qui s'y trouvait, un fragment du Scion des Atlantes. Encore un
mystère à ajouter à la liste.
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