Chapitre 8
- Lucky, ici Thompson, tu prépares l'avion.
Nous partons dans la prochaine demi-heure. Ordonna celui-ci.
- Bien, monsieur.
- Envoies Gurt nous prendre avec la limousine immédiatement. Termina Thompson en
observant du coin de l'oeil Debbie folâtrer avec Laurent. Hé, Laurent ! Va au
rez-de-chaussée et tu viens m'avertir quand la limousine arrive.
- D'accord monsieur, répondit rapidement celui-ci.
Thompson déposa le combiné sur sa base et alla rejoindre Smyth qui emballait les
manuscrits dans un sac de cuir. Thompson lui donna une tape dans le dos et une avance sur
son salaire.
- Dix milles dollars comme convenu pour une avance. Mentionna Thompson à Smyth.
- En effet. Merci, admit le professeur avec un large sourire.
- Le reste vous sera remis quand j'aurai l'objet en question.
- Bien entendu monsieur. Et ça ne devrait pas être trop difficile. Confirma Smyth.
- Mais on a intérêt à faire vite, grogna Thompson.
- Je crois qu'il serait préférable que je dépose cet argent en avant, suggéra
Smyth doucement.
- On le fera en chemin. Ne vous inquiétez pas. Le rassura Thompson.
La porte du vaste bureau s'ouvrit et Laurent apparut sur le seuil annonçant que la
limousine attendait.
***
Lara se releva péniblement. Elle sentit un objet choir
de sa main droite. Elle reconnut la torche à flamme et tous les événements précédents
lui revinrent à l'esprit. Elle scruta la pénombre pour trouver la créature, mais
ne la vit pas et n'entendit aucun grincement non plus. Elle fouilla dans son sac à
dos pour y puiser une autre torche à flamme et la craqua sur le sol. Elle se releva et
tendit la flamme vers l'avant. Elle avança prudemment, surveillant attentivement le
sol. Quelques pas plus loin, elle remarqua une cavité sur le sol. Elle se pencha
au-dessus de ce trou et y fit pénétrer son bras tenant la torche. Elle vit une échelle
où ce qui semblait être une échelle se vêtir lentement de la lueur émise par la
torche. Par précaution, elle laissa tomber la torche qui toucha le sol rapidement. Lara
s'engagea alors sur l'échelle ; en fait des bâtons en de bois grossièrement
calés dans la paroi du tunnel vertical faisaient office de barreaux d'appui. Après
cinq mètres parcourus, Lara attrapa son couteau sur sa cuisse et entreprit
d'arracher chaque barreau au-dessus d'elle ; histoire de ralentir certains
poursuivants se dit-elle.
Lara parcourait maintenant un deuxième tunnel, sur lequel donnait l'ouverture
qu'elle venait de franchir verticalement. Cette galerie souterraine avait une forte
odeur de terre et lorsqu'elle eut approché la torche sur ses parois la première
fois, elle put y voir des poutres de bois qui devaient servir de soutien à cette galerie.
Manifestement, pour avoir tenu si longtemps, ce tunnel très ancien avait dû profité du
travail de moine, reconnut Lara. Parfois, la jeune femme dut écarter des racines pour
avancer rapidement. Après une heure marche, Lara sentit la fatigue et décida de se
reposer ; elle mit ce repos à profit en jetant un coup d'oeil au volume
qu'elle avait ramassé dans la première alcôve secrète. Elle ne fut pas en mesure
de traduire efficacement la langue du manuscrit et abandonna sa lecture pour ne regarder
que les images. Celles-ci non plus lui donnèrent satisfaction. Elle remit le volume dans
son sac et retira une denrée nourrissante pour se restaurer. Tout en fixant le trou
sombre du tunnel dans la direction de son but, elle réfléchissait.
Poussée par la curiosité, elle lança sa torche dans cette direction et sursauta
légèrement. Elle perçut le bruit d'une caresse d'un pas sur le sol du tunnel.
Elle se remit debout et avança vers la lueur de la torche sur le sol. Elle jeta son reste
de repas derrière elle et prit une autre torche dans son sac tout en continuant de
marcher. Elle scruta le sol où atterrit la torche et remarqua une empreinte étrange.
Elle approcha sa main de cette empreinte quand elle vit un liquide verdâtre survolée
prestement sa main de très près. Elle eut le réflexe de la retirer, mais sentit une
douleur cuisante qui piqua sa main comme un millier d'aiguille. Sans crier gare, elle
lâcha la torche de son autre main et s'empara de son beretta pour tirer maints coups
de feu dans la direction avant sur sa gauche. La lueur des coups de feu frappa les yeux
globuleux qui l'observaient intensément. Cette vision paralysa presque Lara comme
l'engourdissement occasionné par un stroboscope. La bête avait hurlé un cri
strident et changea la couleur verte de sa peau en un teint grisâtre, puis se tut. Lara
observa sa main. Son gant de cuir était galvanisé à l'endroit touché par le
liquide. Elle enleva ce gant pour arrêter une démangeaison légèrement irritante. Elle
trouva la torche sur le sol et l'alluma.
La bête, à la lueur de la torche, miroitait comme si elle portait une peau de pierre
grise. Son regard, autrefois rouge, avait une teinte brune de vernis. Elle se tenait sur
quatre pattes dont l'une fut sans doute amochée par des balles, probablement la
partie touchée lors du tir soutenu de Lara. Quand la jeune femme avait lentement avancé
sa main pour la toucher, la bête ne broncha pas, mais demeura immobile. Elle plaça son
beretta au niveau de l'ouïe de la créature et tira un coup. La bête ne réagit
pas. En regardant un peu mieux la créature, Lara vit que celle-ci mesurait environ deux
mètres de long sur un mètre de haut. Elle avait les quatre pattes courtes mais fortes.
La jeune femme asséna un coup à la tête de la créature avec la crosse de son beretta
et ne fit aucune entaille dans la peau de la bête étrange.
- Qu'est-ce que tu es ! Demanda Lara à la créature même si elle ne
s'entendait à aucune réponse. Un basilic ?
- Que vais-je faire de toi ? Dit la jeune femme avec un certain trouble. Vas-tu continuer
à me suivre pour mieux me surprendre.
Elle fouilla dans son sac pour y chercher une petite grenade, mais n'en trouva pas.
Elle sut bien qu'elle avait cherchée cela en vain, mais l'espoir porte parfois
inutilement vers un but illusoire. Elle prit alors une autre torche, l'alluma et la
posa dans la bouche ouverte de la bête.
- J'aurais au moins une bonne avance sur toi. Lui machinalement Lara.
La jeune femme reprit sa route, l'arme au poing et une autre torche qu'elle
tenait prête à l'ignition. La lueur de celle laissée dans la bouche de la
créature servirait à l'éclairer un bout de chemin. Cinq minutes passèrent et elle
entendit le même cri strident émanant de la bête puis, le silence revint à nouveau. Un
sourire courba les lèvres de Lara.
Elle marcha encore une heure et le sol prit un angle ascendant d'une vingtaine de
degrés. Cette pente signifia une issue vers l'extérieur au bout de ce tunnel ; du
moins Lara l'espéra.
***
L'équipe de Thompson arriva une dizaine
d'heures plus tard en Crète après de s'être engouffrer dans la limousine.
L'avion décolla rapidement et les débarqua à l'aéroport dans la ville
îlienne près du monastère ancien. Les hommes embarquèrent le matériel dans un camion
et Thompson, le professeur, Laurent et Debbie prirent la jeep. Debbie, préférant les
événements paisibles de l'hôtel, fut débarquée devant celle-ci. Les hommes
continuèrent jusqu'au lieu du monastère.
Le groupe fut arrêtée par un barricade humaine devant le chemin menant à l'abbaye.
Thompson impatient, cria impérativement à Laurent de quérir la raison de cette
barrière. Laurent s'exécuta sur le champs. Il sauta hors de la jeep et alla vers
les personnes qui formèrent cette clôture peu ordinaire. Il parla à l'un
d'eux et retourna au près de son patron.
- Ce sont des moines monsieur Thompson et ne désire pas nous laisser profaner ce
monastère, expliqua Laurent quelque peu nerveux.
- Qu'ils aillent au diable, jeta fortement Thompson en lançant un regard mauvais au
moine qui s'avançait vers lui.
- Il n'y a pas de crainte à aller au diable quand on sait que nous pouvons en
revenir, répondit humblement en anglais le moine parvenu à la hauteur de la jeep.
- D'accord pauvre imbécile, ironisa l'homme imposant en tirant de sa poche un
pistolet. Et sans hésitation, il tira dans la tête du moine.
À la suite du coup de feu, les moines agirent de façon grotesque. Ils se jetèrent à
genoux vers le corps sans vie de leur abbé en lançant des imprécations à
l'intention de l'homme qui avait tiré. Thompson ne comprit rien à ce que
ceux-ci disaient car ils usèrent de la langue latine. Aussi, donna-t-il l'ordre à
ses hommes de terminer le travail ; et c'est ce qu'ils firent avec un rictus
mauvais.
- Otez moi ces pauvres abbés de la route, ordonna Thompson à son équipe.
- Mais pourquoi ? réussit à prononcer le jeune professeur choqué par le spectacle
offert. Vous êtes cruel.
- Vous la ferme, cria Thompson, nous n'avons pas le temps de tergiverser avec des
crétins de cet espèce. Coopérez et il vous ne arrivera rien.
- Savez-vous ce qu'ils ont dit. Je vais vous le traduire, mentionna le professeur
avec une certaine désinvolture. « Que la bête de pierre vous inflige la douleur
d'un lac de feu. Et que l'ombre noire vous entrave la vie voyageant par votre
coeur ma lin. »
- Balivernes. Quand je serai en possession du Graal, nul malédiction m'atteindra. Et
cessez vos remontrances de sainte nitouche.
Smyth se tut dans une moue maussade en se sentant trahi de cette façon. Mais comme il
tenait à sa vie, il décida intérieurement de continuer et de se tirer vite fait à la
fin de cette escapade détestable à ses yeux. Thompson ordonna à ses hommes de continuer
jusqu'au monastère.
Smyth ne prononça aucun mots durant le reste du trajet, mais fomenta un plan de fuite
pour pouvoir échapper car il n'eut plus confiance à cet homme ambitieux.
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