Chapitre 2
Lorsque la jeune femme ouvrit la porte de
l'hôtel pour se rendre à l'extérieur, elle fut accostée par deux hommes qui
se présentèrent comme des inspecteurs de la police. Lara hésita entre ces deux
intentions : s'enfuir ou coopérer dans la mesure où cela lui était possible.
- Vous allez quelque part Miss ? Commença l'un des hommes.
- Inspecteur Grimm, lança l'autre homme en montrant son insigne et sa carte
d'identité rapidement.
- Je retourne chez moi, messieurs. Que puis-je pour vous aider, et faîtes vite je vous
prie, répondit Lara qui avait opté pour la coopération.
- Pouvez-vous nous suivre au département civil, s'il vous plaît, Miss Croft ?
Demanda le premier homme tout en montrant sa carte rapidement à Lara.
- Bien sûr. À condition que vous me laissiez prendre ma moto pour vous suivre.
- Euh ! Pas nécessaire, une voiture nous attend dans l'allée. Précisa le
deuxième homme.
- D'accord allez devant, je vous suis. Dit Lara avec un ton amical, mais incisif.
- Bon, j'aime les personnes coopérantes, Miss Croft.
Les deux hommes passèrent devant elle et ouvrirent les deux portes du hall, lesquelles
s'ouvrèrent vers l'intérieur. Lorsque les deux hommes franchirent le seuil,
Lara rabattit fortement les deux portes sur eux. Les hommes chutèrent dans
l'escalier extérieur jusqu'à l'allée.
Lara n'avait pas été dupe. Premièrement, le nom sur l'insigne ne
correspondait pas au nom donné ; sans doute crût-il la tromper en la montrant
rapidement. Deuxièmement, ces deux hommes ne pouvaient pas la connaître en raison que
c'était la première fois qu'elle venait dans cette ville. Bref, se dit-elle,
ces types doivent avoir un rapport avec celui du café. Mais elle devait faire vite et
trouver une autre issue dans cet hôtel. Elle jeta un regard aux alentours et remarqua une
fenêtre ouverte. Sans crier gare, elle se rua sur celle-ci pour la traverser d'un
bond et atterrir sur le sol situé deux mètres plus bas. Elle dut sauter au-dessus
d'une haie d'un mètre de hauteur pour parvenir au stationnement de
l'immeuble. Au loin, des cris et des bruits de pas lui parvinrent. Elle courut à sa
moto en retirant l'un de ces Beretta du sac. Les sons se firent plus bruyants
lorsqu'elle atteignit son engin. Elle mit la clé dans le démarreur et actionna la
pédale pour faire vrombir le moteur. Tant pis pour le son qui devait inévitablement
révéler sa présence. Elle enfourcha sa moto qui vibrait d'impatience et effectua
un tête-à-queue à l'extrémité ouest du stationnement. Elle scruta l'horizon
et vit apparaître trois hommes qui semblèrent porter des armes à la main, mais elle ne
sut dire si ceux-ci furent des pistolets ou des pistolets-mitrailleurs. " Peu
importe, se dit-elle, je ne vais pas poireauter ici. " Lara attendit avant
d'ouvrir le phare de sa Norton.
- Arrêtez-vous Miss Croft, vous ne pourrez pas aller bien loin, cria l'un des
hommes.
Lara garda le silence et toucha l'interrupteur de son phare. Ensuite, elle pointa son
arme sur la voiture près des hommes. Elle choisit comme cible une zone imaginaire en
dessous du couvercle pour l'essence et tira. Le bruit d'une explosion
s'ensuivit et les trois hommes furent éjectés juste devant elle. Elle engagea la
deuxième vitesse de sa Norton et aligna la mince allée entre la voiture en flammes et la
haie qui limitait le stationnement. Les hommes, quelque peu roussis, assistèrent
impuissants au départ de la jeune femme en maudissant leur malchance.
***
Lara franchit la haie de travers sur sa Norton et
emprunta la rue qui montait vers l'est. Tout en roulant à une vitesse raisonnable
dans des rues qu'elle prenait au hasard, elle chercha sporadiquement pour une cabine
téléphonique. Elle avait beaucoup de temps devant elle si elle ne prenait pas la route
menant à l'aéroport. Une dizaine de minutes passèrent lorsqu'elle aperçut ce
qu'elle cherchait. Elle arrêta sa moto et se ceignit de ses Berettas. Elle se rendit
à la cabine et décrocha le combiné tout en jetant un oeil sur les environs. Elle
signala le numéro de sa résidence :
- Winston, jeta Lara doucement sans entendre que celui-ci puisse répondre. Trouve-moi Rob
rapidement.
- Oh ! Miss Lara. Je crois qu'il se trouve dans le garage. Je vais
l'appeler sur l'intercom.
- Parfait, Winston.
- Oui Lara, fit une voix qu'elle reconnut.
- Rob, tu prends l'hélico et tu te ramènes ici le plus vite possible. Voici les
coordonnées et dis-moi le temps que cela prendras, d'accord.
- Hum ! Dit à nouveau Rob après avoir écouté les coordonnées, je crois qu'il
vaudrait mieux que je prenne celui d'un ami qui demeure en Grèce. Dans ce cas, le
temps de prendre l'avion pour la Grèce et de partir de cette place, je dirais
environ une dizaine d'heures.
- D'accord, accepta Lara, donnons-nous un point de rendez-vous. Et tu as besoin
d'être dans le temps, sinon gare à toi. Ajouta-t-elle impérativement.
- Evidemment que j'y serais Miss.
- À la bonne heure. Bon, ne raccroche pas je vais chercher la carte sur ma moto.
- C'est ça, faîtes miss. Winston, demanda Rob sur l'intercom, amène-moi la
carte de la Crète, et fais vite.
Lara sortit de la cabine pour se rendre à sa Norton tout en demeurant vigilante. Elle
prit la carte dans le sac arrière de sa moto et revint au combiné.
- Bon, continua-t-elle, en dépliant la carte. Tu es encore là, Rob ?
- Bien sûr, miss. J'attend que Winston m'apporte la carte de la Crète.
- Je suis à Fourfouras. Je serais à la sortie Est de la ville. J'y ai remarqué un
petit champs sur le côté droit de la rue.
- Bon, c'est noté, affirma Rob après quelques secondes de silence. Tenez-vous
prête Miss.
Enfin, la situation semblait aller bien pour Lara ; elle apercevait une lumière au
bout de court tunnel. Elle reprit sa route en direction de la sortie Est. La jeune femme
se déplaça à faible allure pour ne pas attirer l'attention, et aussi afin de mieux
vérifier au loin les voitures qui venaient dans sa direction.
***
Attirés par le bruit de l'explosion, les quelques
clients de l'hôtel et les paysans des environs, s'amenèrent sur le
stationnement et regardèrent, ébahis, les trois hommes débraillés. Ceux-ci secouèrent
leurs vêtements tant bien que mal. L'un sortit un cellulaire et vérifia si ce
dernier fonctionna encore. Satisfait, il appuya sur les touches en un ordre précis et
attendit qu'un interlocuteur répondre. Un autre homme ramassa son arme et retourna
dans l'hôtel auprès de la réceptionniste. Tandis que le troisième homme allait à
la voiture dans l'allée pour apporter celle-ci près de l'homme qui
communiquait sur son portable.
- Monsieur Thompson. Nous l'avons perdu de vue. Dit
l'homme en bredouillant.
- Idiots que vous êtes. Répondit une voix grave et autoritaire.
- Retrouvez-la rapidement, et pour l'attraper cette fois-ci.
- Euh ! Oui, monsieur Thompson. Ça sera fait. Il se retint un instant pour laisser
à l'homme qui revenait de l'hôtel de lui apporter des nouvelles.
- Alors, qu'as-tu trouver, Grimm ? Demanda-t-il à l'homme qui arrivait à
sa hauteur.
- Elle se rend à l'aéroport. Elle a réservée une place pour Londres.
- Bon. Allez à Londres pour la cueillir sur place et faîtes cela discrètement, suggéra
Thompson à la suite de l'information reçue. Hum ! Non, je viens d'y
penser " Revenez tous les trois ici, j'enverrais quelqu'un
d'autre de plus efficace.
- Bien monsieur Thompson, nous partons sur-le-champ.
- Un instant. Avant de revenir, assurez-vous que le cadavre de Frank ne sois pas le sujet
d'une expertise de leur police. Débarrassez-vous de son corps de la façon
habituelle.
- Ça sera fait monsieur Thompson.
Il cessa la communication et rangea son portable dans son veston. Il se tourna vers son
comparse et lui mentionna les dernières directives reçues. Alors, les deux hommes
rejoignirent la voiture et s'y engouffrèrent.
***
- Monsieur Thompson. Je suis à l'aéroport et
aucune trace de Miss Croft sur les deux derniers vols arrivants de Grèce, mentionna un
homme de haute stature au visage sévère.
- C'est fâcheux, mais je m'y attendais un peu, Laurent. Il nous reste une seule
chose à faire. Renseigne-toi sur ce professeur Hellington. C'est l'avant
dernière personne rencontrée par ce traître de Hoccard. Trouve-le et tire-lui les
informations qui nous reviennent de droit. N'oublies pas, tu as carte blanche pour la
procédure et rappelle-toi qu'il est dangereux de me relier à tes activités.
- Bien sûr, monsieur Thompson. Et il raccrocha.
- Alors, Henry. Tu crois que nous allons au bout de nos peines, demanda une voix sensuelle
à l'homme imposant qui lui faisait face. Ce dernier déposa le combiné sur le
téléphone de son bureau et lança à la femme qui lui venait de poser cette
question : Bien sûr. Deborah. Bien sûr.
L'homme, très bien vêtu, se leva de son siège et se dirigea vers le bar retiré
dans le coin de la pièce. Il en sortit deux verres et y déposa une rasade de cognac à
chacun. Il en offrit un à la femme assise sur le fauteuil devant son bureau. Ensuite, il
revint à son siège, but son verre d'une seule lampée et ouvrit un tiroir. Il en
sortit un paquet de feuilles écrites à la main et le lança devant la femme.
- Tout y est à l'exception de trois choses que je tarderai pas à recevoir.
Annonça-t-il à sa visiteuse.
- Excellent ou plutôt, c'est bien. Ironisa la jeune femme en regardant l'homme
sans broncher.
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